Premier album publié d’une série en quatre volets consacrée à la vie d’héroïnes de la résistance, ce «biopic» en bande dessinée évoque le destin d’Amy Johnson, célèbre aviatrice britannique des années Trente disparue au cours de la Bataille d’Angleterre. Le parcours de cette femme émancipée, adepte des sports mécaniques et titulaire d’un palmarès d’exploits conséquent, ne manque pas de relief.

Figure féminine pionnière dans le milieu masculin de l’aviation, cette anglaise intrépide se fait connaître par ses records dans des raids aériens à longue distance de 1930 à 1933, seule puis en compagnie d’un mari volage dont elle finit par divorcer. Elle se fait aussi remarquer dans la course automobile. Dans la deuxième moitié des années Trente, elle entreprend de devenir pilote de ligne, en forçant les préjugés d’un univers où les femmes volantes étaient vues comme des excentriques et non comme des professionnelles. Lorsque survient la Deuxième Guerre mondiale, Amy Johnson s’enrôle en 1940 dans un service auxiliaire de pilotes féminines de transport. C’est aux commandes d’un appareil qu’elle devait livrer sur une base de la RAF qu’elle trouve la mort en janvier 1941 dans un accident aérien aux raisons restées incertaines.Une trame fictionnelle insère la vie de la pionnière anglaise de l’aviation dans le cadre de la série des quatre «femmes en résistance». Le fil rouge de cette intrigue secondaire est une espionne allemande introduite dans l’entourage de la jeune aviatrice. Cette protagoniste imaginaire accompagne l’existence réelle d’Amy Johnson jusque dans la version romancée qu’elle donne des circonstances de sa mort, en se basant sur les rumeurs qui y furent associés. Dans les albums suivants, on devine qu’elle est appelée à jouer le même rôle néfaste auprès d’héroïnes de la Résistance tragiquement disparues : Sophie Scholl, Bertie Albrecht et Mila Racine.

Même si l’association proposée entre ces trois figures admirables de la lutte contre le nazisme et la pilote britannique semble incertaine, la destinée d’Amy Johnson témoigne de l’affirmation de la dignité et de la capacité d’une femme d’exception face au conformisme et aux préjugés de ses contemporains. Cette leçon de vie est imagée de façon soignée. Son identité graphique s’appuie sur un travail d’illustration de facture réaliste, associant un trait précis à une texture aux couleurs tamisées. La teneur documentaire de cette bande dessinée en fait une distraction éducative de bon aloi, qui vise de façon privilégiée le public des adolescentes.

© Guillaume Lévêque