Voilà un petit ouvrage d’un spécialiste de l’histoire de la Casamance. Christiane Roche qui fut le dernier proviseur français du lycée de Ziguinchor a soutenu sa thèse sur la Casamance de 1830 à 1920 en 1974 ( publiée chez Karthala en 1986). C’est ici un essai rapide qui couvre la période coloniale mais aussi l’histoire récente, il intéressera tous les amoureux de cette belle région que l’auteur n’a pas oubliée.

Dans une sympathique introduction Christian Roche évoque ses souvenirs vécus dans cette région du Sud Sénégal où il a enseigné l’histoire et la géographie, les rencontres qui lui ont donné l’envie d’approfondir la connaissance de ces populations et de leur histoire. Rendant hommage à ceux qui lui ont succédé dans la recherche de cette histoire il souhaite s’adresser à la jeune génération, conscient des difficultés et des écueils dans cette zone en proie à un mouvement irrédentiste depuis 1982.

La Casamance et la France 1836-1960

Un état des lieux de cette région, née de la colonisation française, présente les réalités à la veille de l’arrivée des Français: peuples, langues, influence portugaise.

Les principales étapes de l’implantation française montrent le rôle de l’arachide, les conflits enter-ethniques et religieux de la fin du XIXe s. (Mandingues /Peuls, Mandingues/Diolas ou Balantes) en Basse Casamance. qui amène la France à déclarer son protectorat en 1893, non sans inquiéter les Anglais présents en Gambie et les Portugais en Guinée. La gestion difficile est évoquée en référence aux travaux récents de Philippe Méguelle, on y voir les difficultés à prélever l’impôt notamment aux populations diolas, une résistance active ou larvée qui explique les situations de refus des années 40, la prédication d’Aline Sitoé véritable héroïne casamançaise.

Les années d’après-guerre sont évoquées rapidement : forces politiques en présence au sein de l’assemblée territoriale, naissance de MFDC Mouvement des Forces Démocratiques de la Casamance, récit prudent du fait de la faiblesse des sources et du contexte de la rébellion depuis 1982,. Notons le rôle important joué en politique par les enseignants tels Ibou Diallo ou Emile Badiane qui souhaitent défendre les intérêts des populations du Sud dans cette période où se dessine l’indépendance du Sénégal.

La Casamance dans le Sénégal indépendant

L’auteur rappelle les difficiles débuts de l’indépendance; rupture de la fédération avec le Mali, différents politiques entre Senghor et Dia. Pour la région du Sud la situation politique se dégrade après la disparition des premiers leaders dans les années 70 dans une période de crise agricole née de la sécheresse. Les tensions sociales s’aggravent avec la naissance d’un nouveau parti politique derrière Abdoulaye Wade.
Un développement est, évidemment, consacré à l’action de l’abbé Augustin Diamacoune, à la montée de revendications autonomistes voire indépendantistes.
Christiane Roche, citant divers auteurs, rappelle les événements déclencheurs, la résurgence du MFDC et les étapes de ce qu’il est convenu d’appeler la rébellion casamançaise. Il reprend l’idée du poids de la réforme agraire de 1972, montre les dissensions entre leaders du MFDC, les exactions sur les populations en particulier entre 1984 et 1990.
Les nombreuses et infructueuses tentatives de résolution du conflit sont analysées : rôle de l’Église catholique, influence des états voisins, espace de repli des rebelles. L’auteur aborde enfin les hypothèses pour expliquer l’échec des négociations dans les années 2000 et les orientations actuelles depuis l’élection du président Macky Sall.