Le sous-titre : Un patrimoine économique, social et culturel menacé de disparition au Sénégal, annonce clairement le propos du Colonel Faye, expert en économie verte et directeur du cabinet d’études en prospectives environnementales STEPPE.

Dans sa préface le sociologue Djiby Diakhaté rappelle la relation étroite des sociétés traditionnelles africaines avec la nature et l’existence de savoir et de savoir-faire transmis lors de l’initiation et menacés aujourd’hui par une modernité qui dévalue la nature.

L’auteur choisit de centrer son étude sur la pharmacopée traditionnelle qui repose sur un grand nombre de plantes présentes notamment dans la zone sud du Sénégal, de Ziguinchor à Tambacounda. Conscient des menaces qui pèsent sur cette zone forestière et donc sur l’activité économique : tradipraticiens, cueilleurs, herboristes, l’auteur veut alerter, sensibiliser les autorités. Il propose des solutions de gestion de ces ressources indispensables dans un pays où 80% de la population, par manque d’argent, a recours à la médecine traditionnelle.

L’auteur dresse un état des lieux : contexte biogéographique, difficultés et contraintes de la gestion des plantes médicinales, menaces actuelles : feux de brousse, surexploitation de la ressource, défrichements agricoles ou exploitation du charbon de bois souvent illicite.
La démarche de l’enquête est décrite, elle est de nature participative auprès de tradipraticiens de tout le pays. Suit la longue liste des 263 plantes utiles, classées par familles botaniques et des 81 plantes menacées d’extinction qui ont déjà disparu des régions sahélienne (carte p. 87).
L’étude montre la diversité culturelle des usages suivant à la fois l’ethnie et l’écosystème, l’intérêt économique d’une filière dont le commerce représente 1,47 milliard de F CFA plus de 2 millions € en 2006 et occupe environ 20 000 personnes.

L’auteur s’interroge sur la valeur des savoir locaux pour une gestion durable de la ressource face aux débouchés vers les laboratoires et l’industrie cosmétique.
Il détaille les résultats de son enquête; caractérisation des tradipraticiens, techniques de récolte et de conservation. Il milite pour une meilleure formation des récolteurs et des herboristes pour une bonne gestion , un contrôle plus étroit de la direction des Eaux-Forêts-Chasses et une politique d’harmonisation du contrôle de la commercialisation.

L’ouvrage est complété par une liste illustrée de photographies des espèces en danger, dommage que la qualité des clichés ne permettent pas toujours de les reconnaître.

Un ouvrage qui démontre une vraie volonté de maîtrise d’une ressource naturelle.