Troisième réédition sur le sujet, cet atlas des migrations rédigé par Catherine Wihtol de Wenden (directrice de recherche au CNRS et enseignante à Sciences Po) est cette fois sous-titré « un équilibre mondial à inventer » signe de l’accélération récente du phénomène migratoire.

Mais si seulement 3% de la population mondiale est concerné, les migrations ne sont plus uniquement Sud-Nord (75% étant de tout de même internes à un continent) et symbolisent aujourd’hui un grand paradoxe : un monde de plus en plus mobile avec pourtant de plus en plus d’entraves pour arriver à la satisfaire.

Divisé en cinq parties, deux générales sur les grandes caractéristiques du phénomène et sur les enjeux d’avenir et trois traitant de portraits régionaux (Europe, Amérique et un « Sud » structuré autour de l’Asie et de l’Afrique), l’ouvrage permet de dégager des grandes tendances comme l’idée qu’un pays peut être à la fois pays de départ, d’accueil mais également de transit (pays arabes par exemple) ; celle qui montre qu’un pays peut devenir un véritable carrefour (Turquie) ou que les migrations dessinent même l’histoire même d’un peuplement (Etats-Unis) alors que quelques entrées plus originales permettent d’entrevoir d’autres cas de figures : fuite des cerveaux, binationaux, pèlerins, seniors ou encore « britishland » français.

Les analyses sont claires et concises et si l’illustration est, elle aussi, de qualité, on lui regrettera peut-être un côté trop classique (malgré un bon schéma de l’inquiétant dispositif frontalier de Ceuta et Melilla) et on lui préféra sans doute celle de l‘atlas des migrants en Europe récemment présenté dans le cadre du salon du livre et des Sciences Humaines de Paris. Mais ces ouvrages apparaissent complémentaires sur le sujet, celui-ci présentant également bien le grand problème de demain, cette gouvernance mondiale des migrations, que leurs causes soient politiques et économiques comme aujourd’hui mais aussi bientôt environnementales…