Gabriel Rougerie, après une carrière de chercheur en Afrique Noire est nommé en 1967 à la première chaire de biogéographie de la Sorbonne, il est président de la commission de biogéographie de 1972 à 1980.
Compte Rendu de lecture par Chritiane Peyronnard

A partir d’une définition simple de la biogéographie: étude de la répartition des êtres vivants à la surface du globe, l’auteur tente d’en retracer l’histoire tout en montrant son rôle de synthèse entre sciences de la nature et géographie, comment on est passé de la systématique à la systémique.

Dans cet ouvrage Gabriel Rougerie qui fit carrière à l’université comme biogéographe tente une histoire de la biogéographie, des rapports parfois conflictuels au sein de ce carrefour entre sciences de la nature et géographie.

Depuis une première approche par Humbolt dès 1804 l’auteur poursuit le cheminement souvent hésitant entre approche botanique, naturaliste et géographique avec par exemple la contribution d’Emmanuel De Martonne qui dans son traité de géographie physique paru en 1927 utilise pour la première fois le mot comme titre du troisième tome. L’auteur présente le cheminement épistémologique de la discipline, l’évolution des paradigmes, les auteurs et les oeuvres universitaires comme de vulgarisation. Au fil du temps et de l’ouvrage on voit évoluer la place des observations de terrains, l’approche descriptive et la classification puis la recherche des facteurs explicatifs tantôt plus “scientifiques” (physiologie des plantes, sols…) tantôt intégrant la dimension anthropique et les réflexions théoriques, l’auteur s’appuie sur une bibliographie abondante et une bonne connaissance des auteurs.

On trouve dans la seconde partie une étude sur l’introduction progressive de la biogéographie dans le cursus universitaire des géographes, une liste des premières thèses dans les années 70/80, l’analyse des grands “manuels”, l’évolution de la place du paysage en géographie est en filigrane de cette présentation de même que l’approche historique des formations végétales introduisant ainsi l’homme et ses activités comme facteur de cette évolution. L’auteur dresse un tableau des nombreux travaux des années 80/90 en reprenant la définition proposée par Georges Bertrand: “écologie de l’espace géographique, recherches pour une science du paysage”. Il nous présente les deux grands courants de la fin du XXème siècle: structure et dynamique de la végétation avec les très nombreux travaux sur la forêt et l’entrée de l’analyse par télédétection d’une part et d’autre part l’approche globale du paysage: les géosystèmes avec les “écoles” (le mot est de l’auteur) de Toulouse, Besançon et d’Afrique. La présentation du fonctionnement de la commission de biogéographie au sein de Comité National Français de Géographie est de moindre intérêt.
L’auteur termine son propos par les années 2000 avec l’ouverture réaffirmée vers l’aménagement, l’architecture ou l’agronomie tant par les sujets traités que par les collaborations avec la Datar, l’INRA… La biogéographie est plus que jamais interdisciplinaire, impliquée dans les questions de sociétés, de cadre de vie et d’environnement.

On croise au fil des pages les grands noms de la botanique comme de la géographie: outre Emmanuel De Martonne, Maximilien Sorre, Pierre Birot et pour les plus récents Georges Bertrand ou Augustin Berque parmi beaucoup d’autres ce qui fait de ce petit ouvrage un outil utile pour les candidats au CAPES qui souhaitent aller plus loin dans la préparation de l’épreuve sur dossier, c’est pour eux l’occasion de retrouver les noms incontournables d’une histoire de la géographie et d’enrichir ainsi leur réflexion sur les évolutions de la discipline, ses composantes, ses relations avec les sciences de la nature.

L’ouvrage est complété d’une abondante bibliographie et d’une liste de colloques et tables-rondes récents.

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