« Population & Avenir, revue indépendante alliant rigueur et pédagogie, vous présente une analyse originale des enjeux actuels. Vous y trouverez une source d’informations, de réflexions et d’argumentaires amplement illustrés par des cartes, des graphiques, des tableaux, des schémas… »
EDITORIAL par Gérard-François DUMONT
LA FRANCE RURALE A ENFIN UN MINISTRE, STÉPHANE BERN !
Emmanuel MACRON a confié une mission à Stéphane BERN en septembre 2017 : établir une liste des monuments et des bâtiments en péril et identifier les trésors méconnus du patrimoine français. 18 projets emblématiques sont retenus pour bénéficier d’enveloppes spécifiques, avec la création d’un loto du patrimoine. Ils se situent pratiquement tous dans des territoires de morphologie rurale, au sein de communes au nombre d’habitants limité. Stéphane BERN lui-même, a émis près d’un an après le début de sa mission, des doutes et ses craintes de servir d’alibi car la baisse des dotations financières de l’État aux communes rurales et les contraintes faites aux départements limitent considérablement leurs possibilités d’aide à la restauration et à la vitalité culturelle du patrimoine rural permettant une mise en valeur de la diversité et de la richesse de nos terroirs.
DOSSIER par Mickaël BLANCHET
GÉRONTOCROISSANCE ET TERRITOIRES : QUEL POTENTIEL POUR LA SILVER ÉCONOMIE ?
La France enregistre une gérontocroissance (voir le CR de Géographie des Populations de Gérard-François DUMONT). Elle compte en 2018 12 millions de personnes âgées de 65 ans ou plus. Ils pourraient être plus de 20 millions en 2050, soit plus d’un quart de la population.
Selon le rapport Broussy de 2013, préparatoire à la Loi ASV, l’accroissement du nombre de personnes âgées solvables sur un territoire peut constituer une opportunité de développement économique. En effet, l’augmentation des revenus disponibles et du patrimoine des retraités et la diminution de leurs endettements leur octroient un niveau de vie moyen supérieur à celui de la population totale. Cependant, cette position économique confortable d’une large partie de la population retraitée n’est pas suivie de pratiques de consommation. En plus d’une orientation des revenus en direction de l’épargne et des dons (familiaux et sociétaux), le niveau de consommation des retraités diminue avec l’âge. C’est sur ce contraste entre niveau de vie moyen élevé et contraction des pratiques moyennes de consommation des retraités et des personnes âgées, que l’on fonde de nouveaux espoirs pour l’économie. Pour y répondre, la stratégie sémantique qui s’est imposée est le terme de silver économie ou « économie des personnes âgées », pour désigner l’ensemble des activités économiques, liées à la gérontocroissance. En 2013, le chiffre d’affaire de la silver économie est estimé à 92 milliards d’euros pour un peu plus de 150000 emplois (majoritairement dans l’assistance aux personnes âgées en perte d’autonomie). Il pourrait atteindre 130 milliards d’euros en 2020, accompagné d’une création de 300000 emplois.
Le diagnostic national de l’association FranceSilverEconomie montre pourtant l’inégale structuration des filières régionales de la silver economie : 5 régions s’appuient sur une filière organisée qui a été directement appuyée par la région, 4 régions ont un système organisé où la région a aidé ou appuyé, mais ne joue pas le rôle central, 4 régions ont des pôles qui structurent les acteurs sans que la région ait pris d’initiatives fortes. En parallèle, on observe l’émergence de gérontopoles dans 2 régions. Dans les autres anciennes régions, l’étude considère que rien de significatif existe (5 régions). Lancée plus qu’organisée au niveau national, la régionalisation de la filière silver économie manque donc souvent de structuration, se heurte localement aux clivages sectoriels de l’action gérontologique et varie selon les politiques régionales et la variété des dynamiques gérontologiques locales.
DOCUMENT PEDAGOGIQUE (libre de droits) :
L’ÉVOLUTION TRÈS VARIABLE DU NOMBRE DE PERSONNES ÂGÉES SELON LES TERRITOIRES FRANÇAIS
EXERCICE PEDAGOGIQUE par Alexandre DUCHESNE
LES MÉMOIRES DE LA SECONDE GUERRE MONDIALE À TRAVERS LE CINÉMA
Cette proposition prend sa place dans le thème introductif du programme d’Histoire de Terminale : « Les mémoires : lecture historique ». Il s’agit de réfléchir sur le rapport entre Histoire et Mémoire(s), sur le travail de l’histoire et, pour les élèves, d’exercer leur esprit critique. Le cinéma apparaît alors comme un moyen privilégié. L’analyse de plusieurs films, fictions et documentaires permet ici de comprendre l’évolution du regard et des mémoires de la Seconde Guerre Mondiale.
Les élèves sont répartis en 3 groupes qui étudient des extraits de films : Le Père Tranquille et La traversée de Paris (Groupe 1), Monsieur Klein (Groupe 2) et Monsieur Batignole (Groupe 3). Lors de la mise en commun, un tableau est complété et les réponses sont mises en perspective avec des extraits de documentaires (Le chagrin et la pitié, Shoah) et de textes d’historiens (Robert Paxton, Henry Rousso) pour faire ressortir les 3 temps de la question des mémoires de la Seconde Guerre Mondiale : le temps d’une mémoire à vocation nationale, la période du réveil d’autres mémoires à la fin des années 1960 et la période de l’apaisement depuis la fin des années 1980.
LE POINT SUR…par Jean-Marc CALLOIS
LE DÉVELOPPEMENT TERRITORIAL : QUELS MOTEURS ? COMMENT L’ACTIVER ?
Tous les territoires souhaiteraient se développer pour mieux satisfaire leur population. Mais quels sont les vrais moteurs du développement territorial et comment les activer ?
Une des principales explications avancées pour comprendre les différences de résultat de développement selon les territoires est l’existence d’un subtil mélange entre concurrence, signifiant la recherche de compétitivité à l’exportation, et coopération entre les territoires situées dans un même territoire. Cette capacité de coopération au sein d’un territoire aurait différents fondements, à la fois culturels et institutionnels.
La prospérité économique a donc deux composantes indissociables : une capacité d’ouverture pour trouver des débouchés à l’exportation et une capacité de coopération, que l’on peut désigner aussi de cohésion économique ou d’interdépendance qui prend la forme de relations privilégiées internes au territoire. Cette cohésion économique permet d’assurer une plus grande stabilité aux chocs extérieurs. Et, parmi toutes les échelles géographiques considérées, cet effet est surtout sensible à celle du département, dont les résultats montrent que c’est l’échelle la plus pertinente pour travailler sur la cohésion territoriale. Les capacités d’exportation et le maintien dans la course à l’innovation restent des éléments essentiels de vitalité économique et une priorité naturelle pour les politiques nationales. Mais il apparaît que les politiques territoriales auraient intérêt à s’intéresser davantage à la cohésion économique de leur territoire, facteur prioritaire pour activer le potentiel de développement territorial.
ANALYSE par Abdourahmane Mbade SÈNE
L’URBANISATION DE L’AFRIQUE : DAVANTAGE DE BIDONVILLES OU DES VILLES INTELLIGENTES ?
Les villes occupent une place de plus en plus importante dans une Afrique en rapide croissance démographique urbaine. La part des citadins y est passé de 14% en 1950 à 40% en 2018. Un quart des 100 villes du monde dont l’expansion est la plus rapide se trouvent en Afrique, où 52 villes abritent plus d’un million d’habitants. Le nombre de citadins en Afrique passerait de 400 millions en 2018 à 1,2 milliard en 2050. Mais y-a-t-il des villes que l’on peut qualifier d’intelligentes en Afrique ?
Des pays côtiers du Nord, de l’Ouest et du Sud enregistrent les meilleurs indicateurs de ville intelligente. En revanche, des pays localisés à l’intérieur du continent et sur la façade est de l’Afrique ont les faibles indicateurs de ville intelligente. Les pays enregistrant les meilleurs indicateurs de ville intelligente sont ceux qui ont les pourcentages de population urbaine les plus élevés et les taux de croissance annuelle urbaine les plus faibles. Les pays où la croissance urbaine est plus rapide sont ceux qui ont les plus faibles indicateurs de ville intelligente. La croissance rapide des villes semble être alors une contrainte pour la production de ville intelligente. Par exemple,  « les effets de la croissance rapide des villes de l’Afrique de l’Est comportent une pénurie aiguë de logements, les encombrements de la circulation, la pollution et un étalement urbain non maîtrisé ».
Les pays dont l’accès aux TIC est plus important sont ceux où les villes tendent à être pus intelligentes, mais également ceux où l’on note moins de personnes habitants dans les bidonvilles et moins d’accidents de la circulation routière. Le développement des TIC et des villes intelligentes facilite alors la mise en place d’une urbanisation durable. Les bidonvilles qui y sont très importants peuvent alors évoluer comme des opportunités pour la ville durable. Mais, pour résoudre les importantes inégalités sociospatiales dans les villes africaines, il importe d’adopter des TIC accessibles à la majorité des citadins. L’évolution des villes africaines vers des modèles de villes intelligentes, vectrices de villes durables, nécessite donc la diffusion des TIC qui répondent aux besoins de la majorité des citadins tout en s’adaptant à leur contexte local et niveau de revenus.