« Le conflit planétaire du siècle des Lumières. La première Guerre Mondiale ».

La guerre de Sept Ans, de 1756 à 1763, se déroule sur terre comme sur mer en Europe, en Amérique du Nord et en Inde, mettant essentiellement aux prises la France et l’Autriche contre la Grande-Bretagne et la Prusse. Compte tenu de son amplitude géographique et du nombre de tués, que l’on chiffre à plusieurs centaines de milliers, certains historiens l’ont qualifiée de première guerre mondiale. Elle s’achève sur un profond rééquilibrage des puissances européennes, qui voit l’affaiblissement durable de la France − elle perd la quasi-totalité de son empire colonial −, l’essor irrésistible de la Grande-Bretagne et de la Prusse, qui deviennent des puissances majeures au xixe siècle. »

Edmond Dziembowski, né en 1958, est agrégé d’histoire et maître de conférences en histoire moderne à l’université de Franche-Comté (Besançon). Ses recherches portent sur la culture politique française et britannique au XVIIIe siècle, il est l’auteur d’Un nouveau patriotisme français, 1750-1770, La France face à la puissance anglaise à l’époque de la guerre de Sept Ans . Cette présentation concerne sa réédition en format poche de son livre : La guerre de Sept Ans.

UNE GUERRE POUR DES « OBJETS CHETIFS »

Dans cette première partie E. Dziembowski détaille le contexte qui va faire émerger le conflit et donne des éléments quant à l’élément déclencheur de cette guerre : « Les morts de la Belle-Rivière », et notamment l’une des fameuse victime, le capitaine Joseph Coulon de Villiers de Jumonville. Puis il détaille les positions françaises idéologiques, géopolitiques et géographiques via notamment le valeureux duc de Mirepoix, ambassadeur de France. »D’une certaine manière, Mirepoix est le pendant français de Newcastle. Un diplomate estimable en temps de paix mais qui, en période de tensions internationales, montre cruellement ses limites. » Enfin, un certain nombre de mutations diplomatiques interviennent jusqu’à aboutir a une situation tendue : « l’Europe centrale, plus que jamais, est une poudrière : le projet de Kaunitz est assez éloquent en la matière. Tandis que la guerre fait rage en Amérique et que les tensions commencent à se cristalliser en Inde, l’Europe vit une veillée d’armes. Alliance contre-nature? »

LE MOMENT FRANÇAIS

Cette guerre s’illustre par des phases de dominations de part et d’autres des adversaires. Cette partie s’intéresse notamment à la brève domination française. L’événement déclencheur de ce changement s’explique en partie par la prise de Minorque. Mentionnant l’utilisation de la propagande, Dziembowski précise que : « la guerre de Sept Ans est loin de se cantonner aux affrontements des forces terrestres ou navales. La guerre de propagande, (…) tient une place centrale dans ce conflit. De même, la guerre psychologique n’est-elle pas absente de ces hostilités, vieilles de deux siècle et demi. » Mais très vite l’Europe s’enflamme : « Sur le Vieux continent, la paix paraît assurée (…) Arrive le mois de septembre. La nouvelle tombe : Frédéric II a envahi la Saxe et menace la Bohême. La guerre maritime et coloniale vient d’enfanter un drôle de rejeton, une guerre d’Allemagne ne possédant aucun lien apparent avec les affrontements dans les forêts d’Amérique ou dans le golfe du Bengale. » Et la chance change très vite de camp : « A la fin de l’année 1957, Louis XV et Bernis contemplent avec effarement un spectacle qui, quelques mois plus tôt, paraissait inimaginable : une armée française humiliée (…) Le tournant de la guerre de Sept Ans. »

ALBION VICTORIEUSE

Albion est l’ancien nom que portait la Grande-Bretagne et le titre de cette partie est sans ambiguïté. Pour la France la situation empire avec la dislocation de son Premier Empire Colonial, « En 1761 (…) le Canada est définitivement perdu et Versailles a tiré un trait sur ce territoire. » Cette même année Pondichéry est perdu au profit des anglais…Le conflit qui est désormais planétaire, sera même perçu par Churchill (des années plus tard) comme le « vraie » Première guerre mondiale. Dans cette partie E. Dziembowski propose donc une analyse politique de la perte de l’Empire Colonial Français ainsi que de la paix qui semble si dure à obtenir.

L’ENTRÉE DANS UN MONDE NOUVEAU

Dans cette ultime partie, l’auteur dresse un bilan des conséquences que ce conflit a eu à l’échelle mondiale : « Dès la fin de l’année de la paix les premiers craquements apparaissent dans l’empire récemment constitué. En France, en Grande-Bretagne et en Amérique, un monde nouveau est en train de naître un monde où ceux qui, en France, se sont autoproclamés « citoyens », entendent jouer un rôle éminent. » E. Dziembowski revient tout d’abord sur le rôle primordial qu’a joué la propagande tout au long du conflit.  » Il va de soi que l’art de la propagande n’a pas attendu 1756 pour faire son apparition. Mais cet art aussi vieux que la politique est alors en pleine transformation. » Dans un deuxième temps, il revient sur le choc psychologique qu’entraîne la « pais humiliante qui vient de terminer une guerre honteuse ». Enfin, il évoque différentes réactions qu’ont certains acteurs de ce conflit suite au clap de fin de cette histoire.

Edmond Dziewbowski nous livre là une synthèse pertinente de cette guerre mal connue des programmes du secondaire. Privilégiant une entrée politique, il permet de renouveler le récit de cette guerre qui est bien souvent abordée uniquement d’un point de vue militaire. La plume romanesque de l’auteur, permet d’entrer au coeur du conflit. Ce livre permet d’acquérir une solide base de connaissance concernant la question d’histoire moderne aux concours de l’enseignement : Etat, pouvoirs et contestations dans les monarchies française et britannique et dans leurs colonies américaines (vers 1640-vers 1780) ; Biensûr il intéressera aussi tous les passionnés d’histoire moderne.