Ce livre rassemble les contributions de plusieurs associations d’auditeurs des différentes sessions de l’IDEHN sur le thème La mer pour la France. Ces travaux ont ensuite donné lieu à des débats lors d’un colloque à Aix-en-Provence, structuré, comme cet ouvrage, autour de deux thèmes :

Les espaces fluides, enjeux de puissance et gisements de croissance
Les enjeux de la nouvelle géopolitique des mers sont d’abord abordés autour de trois études de cas.. Le réchauffement climatique est susceptible de permettre la circulation maritime dans les passages du Nord-Est et du Nord-Ouest de l’Arctique. La France s’est aussi placée en tant qu’observatrice au Conseil de l’Arctique afin de tempérer les tensions, notamment liées à l’exploitation des hydrocarbures. Le Proche-Orient connaît aussi des affrontements liées aux ressources, découvertes en Mer Méditerranée au large du Liban, d’Israël, de Chypre et des territoires Palestiniens. Enfin, les Caraïbes sont un espace de « surprises stratégiques » avec le rapprochement Etats-Unis/Cuba, la pacification de la Colombie et les difficultés du Vénézuela.
La piraterie est un autre enjeu de sécurité et de gouvernance. Elle a connu son pic entre 2009 et 2011. Il est important de tirer les leçons des opérations d’antipiraterie récentes, notamment au large de la Somalie. La coopération internationale, à laquelle a participé la Marine française, y a révélé son efficacité. Un Mediterranean Contact Group est ainsi préconisé, pour lutter par exemple contre le trafic des migrants.
Les 11 millions de km² de ZEE font de la France une véritable puissance maritime. Dans ce cadre, la marine nationale est un acteur de premier ordre pour assurer la sécurité des territoires maritimes français. Lorsque le Brexit sera effectif, la marine nationale sera la seule flotte globale européenne. Son rayonnement est en partie assurée par le porte-avions Charles-de-Gaulle qui représente toutes les dimensions de la puissance : hard power (frapper partout sur terre), smart power (vitrine de la technologie française) et soft power (présence de la France sur tous les océans). Mais on peut se demander si nos forces navales sont capables d’assurer ses missions sur des territoires aussi vastes, dans un contexte de diète budgétaire. L’immobilisation du Charles-de-Gaulle pendant 18 mois pour maintenance est un est un exemple.
La France doit aussi s’attacher à exploiter les ressources marines à la fois dans ses eaux territoriales mais aussi hors ZEE. L’océan reste un réservoir de ressources non exploitées. Les demandes de brevets pour les gènes d’organismes marins sont en constante augmentation. La France, compte tenu des étendues considérables de son domaine maritime dans toutes les mers du monde, à toutes les latitudes et à toutes les profondeurs, possède des richesses immenses. De plus, elle est l’un des 3 pays capables d’intervenir en zone abyssale avec des moyens d’intervention à grande profondeur. « L’océan pourrait faire de la France la nation la plus avancée en matière de médicaments issus de la mer ». Pourtant les moyens financiers et humains manquent encore. Il en est de même pour le développement des énergies marines renouvelables et l’exploitation des ressources minérales profondes dans les eaux territoriales françaises.

Les espaces solides : faire de la France un acteur majeur dans les activités maritimes
Les ports français sont globalement en difficulté. 3 exemples sont traités : à Marseille, la relation ville-port doit se réinventer par le réaménagement de son waterfront; le port de Cherbourg doit mieux valoriser son potentiel; le port de Nouméa doit s’imposer comme un hub régional.
La France doit aussi investir dans de nombreuses activités maritimes, qui peuvent devenir moteurs pour tout le territoire : construction, réparation et déconstructions navales; cybersécurité; technologie d’avenir (santé, alimentation, cosmétique,…); drones sous-marins; dessalinisation… Cette « économie bleue » peut donc être une grande source de création d’emplois.

On peut en conclure que la mer et les océans sont au centre d’enjeux dont la France n’est pas pleinement consciente. La compétition pour le commerce maritime et pour les ressources, la gouvernance des eaux internationales et les dimensions sécuritaires ne sont pas complètement prises en compte. Le développement de l’économie maritime mérite également d’être encouragé dans « un pays maritime sans politique maritime ». C’est ce qui ressort de ce livre bleu pour la France, aux contenus et documents variés qui peut servir de base à une étude originale et complète des mers et des océans au collège et au lycée.