Un documentaire d’Alain Moreau et Patrick Cabouat (2005), coproduit par Program 33, France 3 et France 5.
1 h 25 min
France 5 : samedi 25 juin, 9 h 40 Libre de droits
L’EMISSION

Il y a soixante ans, la France sortait progressivement, mais non sans heurts ni chamboulements, d’une période particulièrement troublée, marquée par la guerre, l’Occupation et les premières heures de la Libération. Au cours de cette année charnière se produisent une foule d’événements « marqués d’une extraordinaire grandeur », selon la formule de Charles de Gaulle, acteur majeur de ces heures glorieuses et âpres à la fois.
Le documentaire fait revivre avec réussite ces temps décisifs, sous la forme d’une grande fresque constituée exclusivement de films d’archives. Le tableau de la France ainsi dépeint dévoile un peuple partagé entre la liesse et la frustration, un pays affairé entre les règlements de compte et de nouvelles mutations, une nation étirée entre les priorités hexagonales et les enjeux internationaux. Dans ce portrait d’une France qui achève la libération de son territoire et panse ses blessures, une figure de proue apparaît : celle du général de Gaulle, dont l’action énergique tout au long de l’année 1945 sert de fil conducteur à l’ensemble du film.
Portée par des archives de grande qualité, soutenue par un commentaire particulièrement clair et précis, cette magnifique fresque soulèvera l’intérêt et la curiosité des élèves soucieux de comprendre en quoi l’année 1945 fut cette année charnière, ce tournant qui inaugure un monde nouveau.

PISTES A SUIVRE

[Histoire, 3e, Tle]

1945 : UNE FRANCE ENCORE DANS LA TOURMENTE

L’objectif est de recenser toutes les urgences qui se présentent à un pays, en train de sortir de la guerre. Noter que ces derniers défis, inhérents à la guerre, incombent au gouvernement provisoire et à son chef, le général de Gaulle.
Des urgences militaires : achever la libération du territoire français. Montrer que la France met un point d’honneur à chasser de son sol la moindre présence militaire allemande. Développer les exemples de la difficile maîtrise de la contre-offensive allemande dans les Ardennes, de la très disputée bataille d’Alsace, de la reprise des dernières places fortes allemandes sur la façade atlantique. Insister sur le caractère âpre de cette libération, tant par sa durée (tout le premier semestre) que par le tribut payé par les soldats et les populations civiles.
Des urgences sanitaires : pallier les souffrances des Français qui se prolongent au cours des premiers mois de 1945. Insister sur la pénurie, ainsi que sur le froid de l’hiver 1945. Relever des preuves chiffrées de ces souffrances : plus du tiers des enfants des villes souffre de rachitisme, un nouveau-né sur dix meurt à la naissance. Montrer les difficultés auxquelles sont confrontés les nouveaux gouvernants : précarité du ravitaillement, maintien du rationnement, lutte contre la persistance du marché noir, émeutes de la faim.
Des urgences économiques : reconstruire. Mettre en évidence le très lourd bilan matériel de quatre années de guerre et d’occupation, en s’appuyant sur les précieuses archives dévoilant un pays en ruine et sur les nombreux chiffres cités en exemples (deux tiers du matériel ferroviaire détruit). Puis montrer que 1945 inaugure un gigantesque chantier pour lequel se mobilisent toutes les énergies (se référer au pouvoir suggestif des images d’archives), et qui œuvre dans deux directions principales : le redressement des transports (routes, voies ferrées, ponts) et la bataille de l’énergie (extraction houillère, édification de barrages).
L’urgence de l’épuration : montrer que 1945 est le temps des règlements de compte, des grands procès et des exécutions des traîtres et des collaborateurs. Présenter le cas de l’épuration intellectuelle (l’exemple de Brasillach) et celui de l’épuration politique des hauts responsables de Vichy (les exemples de Pétain et de Laval). Conclure sur l’absolue nécessité d’exorciser le malheur et la honte.
Le retour des prisonniers et des déportés : montrer que ces retours concernent deux millions d’individus, et qu’ils sont l’occasion de scènes de retrouvailles particulièrement émouvantes. Noter que les disparus sont nombreux et qu’ils font l’objet de recherches menées par les gouvernants. Insister sur le désarroi des déportés qui ne sont pas écoutés ou pas crus.

1945 : UNE FRANCE QUI RETROUVE LE SOURIRE

L’objectif est de démontrer que 1945 marque le retour de temps heureux, en même temps que l’apparition de nouveaux acquis.
Un regain de citoyenneté : montrer tout d’abord les acquis civiques avec le droit de vote accordé aux femmes. Présenter ensuite le caractère majeur que revêtent les élections municipales d’avril et de mai 1945 : premières élections depuis 1936, retour du pluralisme politique, expression d’un suffrage pour la première fois universel.
Le temps de conquêtes sociales, préludes aux Trente Glorieuses : faire la liste de ces bouleversements que furent le régime d’assurance maladie, les assurances sur les accidents du travail et l’incontournable sécurité sociale.
Le retour de la liberté de la presse : insister sur la floraison de nouveaux titres et magazines ; présenter les exemples du Monde, de Libération (à différencier du quotidien actuel), de Elle.
L’effervescence intellectuelle : quels que soient les arts, cinéma, littérature, chanson, musique, danse, etc., pour chaque domaine, divers exemples peuvent être sélectionnés et étudiés avec profit, sous un angle qui peut être pluridisciplinaire.
Le retour des bonheurs simples : montrer qu’après tant de privations, l’été 1945 est l’occasion de refouler la guerre, en se divertissant de maintes manières. S’appuyer sur les images d’archives pour prendre le pouls des loisirs des Français à cette époque.

1945 : DE NOUVEAUX ENJEUX POUR LA FRANCE

Dans le domaine de la politique intérieure. Le but est de démontrer que les dirigeants sont confrontés à la question du gouvernement de la France. Montrer que les derniers mois de 1945 sont occupés à cette question : quelle nouvelle constitution offrir à la France ? Mettre en évidence les différentes conceptions qui s’affrontent : régime présidentiel chez de Gaulle, régime parlementaire chez d’autres.
Dans le domaine de la politique impériale. L’objectif est de présenter les futurs défis qui attendent la métropole française, et qui trouvent leurs origines au cours de cette année 1945. Montrer à ce titre le rôle joué par la conférence de San Francisco qui, au travers de la charte des 51 États ayant combattu l’Axe, prévoit le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Mettre en évidence le fait que ce texte signe l’acte de décès du colonialisme. Puis, présenter les tensions naissantes en Algérie (émeute à Sétif) et en Indochine (déclaration d’indépendance par Hô Chi Minh), prémices de futures guerres coloniales, particulièrement éprouvantes.
Dans le domaine de la politique internationale. Le but est de montrer que la France a, de par ses actions engagées par ses résistances durant le conflit mondial, un rang à tenir aux côtés des vainqueurs. Ce nouveau rang s’illustre à travers trois espaces : à Nuremberg, pour le procès et le jugement des criminels de guerre nazis ; dans l’Allemagne dépecée et dans sa capitale Berlin où la France a en charge le contrôle d’une large zone ; enfin, dans le concert des Nations Unies, puisque la France a obtenu un siège permanent au Conseil de sécurité de l’ONU.

1945 : L’OMNIPRESENCE DE DE GAULLE

Comme le laissent entendre les bornes chronologiques du film, qui fait débuter l’année 1945 à la Libération de Paris et l’achève à la démission du Général en janvier 1946, Charles de Gaulle est l’acteur incontournable de cette année zéro. Son action énergique, tout au long de ces seize mois, se déploie sur tous les fronts.
De Gaulle chef de guerre. Montrer que le général a pour mission de placer la France du côté des vainqueurs. Appuyer cette assertion sur les exemples de la libération déterminée du moindre espace du territoire français (Ardennes, Alsace, littoral atlantique) et sur l’offensive menée par l’armée française au-delà du Rhin.
De Gaulle chef de gouvernement. Montrer que l’ancien chef de la Résistance est le véritable dirigeant de la France de 1945, et qu’il contrôle l’ensemble de l’appareil politique, économique et social du pays, avant même d’être élu officiellement chef du gouvernement le 13 novembre 1945. Présenter le lieu d’exercice de son pouvoir : l’hôtel de Brienne à Paris, siège du ministère de la Guerre. Mettre en évidence trois éléments de son œuvre politique : organisation de consultations politiques (élections municipales du printemps 1945 ; élections législatives de l’automne 1945 ; référendum du 21 octobre 1945 sur le projet de Constitution) ; contrôle de l’épuration, placée sous un cadre légal ; campagnes sans précédent de nationalisations économiques.
Conclure en présentant les circonstances de son départ, le 20 janvier 1946, quand, assailli par les partis (communistes, socialistes et radicaux), il décide de renoncer au pouvoir.

POUR EN SAVOIR PLUS

AUFFRAY Paul, GABLE Martine, 1939-1945 : Résistance et Libération. Le Témoin et l’Historien, CRDP de Rennes, 2000.
SIMONNET Stéphane, Atlas de la libération de la France, Autrement, Ministère de la Défense, coll. « Atlas Mémoires », 2004.
VOLDMAN Danièle, La Reconstruction des villes françaises de 1940 à 1954. Histoire d’une politique, L’Harmattan, coll. « Villes, histoire, culture, société », 1997.

Parcours d’histoire 8 : France en chantier, CNDP, La Cinquième, 1999. Collection « Galilée ». VHS : 3 x 13 min. Le thème de la reconstruction d’après-guerre à partir de l’exemple de Saint-Nazaire.

Réalisé avec le soutien des ministères de l’Éducation nationale et de la Recherche, un site éducatif sur le général de Gaulle.
www.de-gaulle-edu.net/
Jean Bumat, professeur d’histoire et de géographie, Télédoc CNDP