Comment aujourd’hui nos contemporains, toutes générations confondues, mais dont aucune n’a directement vécu la guerre de 14-18, vivent-ils et ressentent-ils cette tragédie aux millions de morts ? Eux qui sont à la fois loin de cette histoire – car le temps a passé- et proches d’elle par le fait d’habiter un espace géographique et mental où sont encore si présents les signes de cette Première Guerre mondiale… Le film a reçu le label « Centenaire » délivré par la Mission du Centenaire de la Première Guerre Mondiale et le label « Centenaire » du Département de la Somme.
Le documentaire commence par une cérémonie au cours de laquelle, lors de la prononciation des noms des soldats, les enfants présents répondent en choeur « Mort pour la France ».
S’en suit le témoignage d’un homme venant du sud de la France, et qui a déménagé dans l’Aisne sans s’attendre à voir autant de cimetières militaires sur des kilomètres de routes. Il appelle cela un « choc fondateur » pour lui, car il découvre véritablement la Première Guerre mondiale via les paysages dans lesquels il évolue et vit.
Nous retrouvons un groupe de collégiens avec leur professeure d’Histoire-Géographie dans un musée. Elle leur pose des questions pour raviver leur mémoire, ce qu’ils ont étudié en classe. Ils doivent remplir un dossier en cherchant les éléments dans le musée, de quoi rendre l’élève actif et maître de son savoir. On les voit échanger ensemble face aux objets militaires.
Ensuite, nous retrouvons des hommes, des femmes, des enfants membres de l’association 14-18 en Somme qui réalisent une reconstitution avec des vêtements d’époque. Les hommes sont des paysans ou des soldats, les femmes des paysannes ou des infirmières.
L’un d’entre eux témoigne : il est professeur d’Histoire-Géographie, il précise « mon métier rencontre ma passion nourrit par sa vie en Picardie, sur une terre de bataille ». Les membres de l’association font partie des cérémonies mais ils réalisent également lors de week-ends des reconstitutions. Il précise qu’ils ne s’intéressent pas à la guerre, mais aux hommes. De quoi rappeler la nouvelle approche à effectuer auprès des élèves pour étudier ce chapitre.
Nous suivons après un groupe de touristes sur un site dont il n’est pas fait mention, cela ressemble à la Caverne du Dragon. Le guide explique la dangerosité des balles, des éclats d’obus, leur vitesse… mais aussi le danger encore actuel, le fait de ne pas ramasser les objets de cette guerre par sécurité. Dans la séquence suivante, nous voyons justement deux agents de déminage ramasser des obus (encore avec leur mèche) abandonnés au bord des routes. L’un d’eux rappelle la banalisation aujourd’hui de trouver des obus dans les champs, chez les particuliers. Il déplore « vivre encore la première guerre mondiale au jour le jour ». Il a inventé un adage « Hier on a enterré pour oublier, aujourd’hui on déterre pour se souvenir », de quoi alimenter sa réflexion…
La séquence suivante montre une association picarde dans la forêt de Bay qui a pour but de réhabiliter une tranchée allemande afin de permettre à un futur public de découvrir ce à quoi pouvait ressembler une véritable tranchée. Ils retrouvent des objets en creusant. Nous les retrouverons plus tard.
Entre temps, des descendants viennent sur les pas sur de leurs aïeux qui ont combattu dans les champs ; des jeunes du coin sont interviewés et parlent de ce qu’ils pensent de la mémoire, de l’histoire de cette guerre.
On retrouve une autre classe qui étudie un croquis, puis réalisent eux-mêmes des dessins pour évoquer ce qu’ils pensent de la guerre. De quoi peut-être donner des idées pour en parler avec les élèves…
Ce documentaire n’explique pas la guerre, mais uniquement la mémoire de celle-ci en Picardie. Les autres régions touchées ne sont pas évoquées et bien sûr tous les sites touchés ne sont pas évoqués.
Il peut être intéressant de voir des extraits avec les élèves, mais il ne faut pas voir ce documentaire comme étant une mine d’informations sur le conflit car cela ne l’est pas du tout (ce qui est quand même dommage). Il aurait été intéressant de voir comment est traité le tourisme de mémoire dans les autres zones de combat, avoir plus de témoignages de différentes générations. Il faut quand même souligner le mérite de son existence, qui pourra sûrement en inspirer d’autres pour réaliser d’autres documentaires sur cette mémoire.