Frontières africaines, frontières maritimes ou encore frontières vives comme entre Israël et Palestine. Voici quelques-uns des dix exemples, comme autant d’études de cas, qui peuvent nourrir le programme d’HGGSP de Première.
Un objet d’histoire
Pendant longtemps, il n’existait pas de frontières telles que nous les concevons aujourd’hui, fixes et linéaires. Les frontières actuelles remontent à un peu moins de cinq siècles. Depuis 1648, le principe de frontière territoriale pour éviter les conflits s’est imposé. Cette idée européenne à l’origine s’est diffusée dans le monde au moment des explorations et colonisations. L’ouvrage évoque donc dix cas regroupés en trois parties : la naissance des frontières, les frontières objets de controverses et les frontières tracées par un acteur extérieur.
Naissance des frontières
La première entrée est consacrée aux frontières en Afrique. 70 % des frontières africaines ont été créées en 25 ansSur ce thème : Frontières d’Afrique – Pour en finir avec un mythe, Michel Foucher, CNRS Editions, collection Débats, 2020 – Le défi de l’intangibilité des frontières africaines (1964-2014), Conférence au Festival de géopolitique de Grenoble 2015. Accusées d’être artificielles, les frontières africaines ne le sont finalement pas plus que les autres. Les découpages de l’époque ont aussi subi des ajustements pendant l’époque coloniale. Les limites constituent l’enveloppe extérieure des nations et leur état de santé est lié à celui du pays en question. Jean-Baptiste Véber aborde ensuite le cas des réserves amérindiennes. Il faut avant tout se méfier du mot « frontier » qui doit être compris dans le sens de confins. En comparaison des processus européens, la fabrique de la frontière amérindienne est très rapide. Aujourd’hui, ces réserves représentent 2,3 % du territoire des Etats-Unis. La troisième entrée porte sur le découpage des mers en Asie orientale. L’ouverture chinoise après son décollage économique des années 1990 se fait de manière autoritaire et impérialiste. Les disputes sur les frontières maritimes sont peut-être davantage le symptôme du développement économique que de véritables tensions. Trois enjeux de puissance existent : posséder des ressources halieutiques, contrôler un axe du commerce international et se garantir la promesse de ressources minières sous-marines.
Frontières et conflits
Le Maroc se présente comme un Etat ancien aux frontières récentes. Le pays est l’héritier de royaumes et d’organisations étatiques anciens qui n’étaient pas bornés par des frontières linéaires. Le Sahara occidental équivaut en superficie à la moitié de la France métropolitaine. Les tensions sont fortes depuis longtemps avec l’Algérie. L’entrée suivante porte sur un triangle de tensions frontalières autour du désert d’Atacama. Il relève aujourd’hui pour l’essentiel de la souveraineté chilienne mais il n’en fut pas toujours ainsi. L’auteur compare cet exemple à une « sorte d’Alsace-Lorraine sud américaine ». Plus que sa façade littorale, c’est la richesse du désert en ressources destinées à l’industrie qui explique la lutte actuelle. Le Chili est interpellé, le Pérou est appelé à la rescousse et les institutions internationales sollicitées mais tout le monde se contente du statu-quo. David Périer se focalise ensuite sur le Cabinda angolais, une exclave africaine à proximité de l’embouchure du fleuve Congo. Ce découpage atypique est lié à la colonisation.
Les frontières tracées par un acteur extérieur
La première entrée de cette partie porte sur le dépeçage du Moyen-Orient ottoman. On exagère parfois l’importance des accords Sykes-Picot de 1916. Michel Foucher fait ainsi remarquer que moins de 7 % des tracés actuels du Moyen-Orient découlent des accords de 1916. Il y a ensuite une approche sur le cas israëlo-palestinien. L’auteur s’inscrit dans un temps long et évoque les principaux repères et poursuit son analyse jusqu’à aujourd’hui. Jean-Baptiste Veber revient sur un cas un peu oublié à savoir Chypre. L’ile a été l’objet de convoitises depuis l’Antiquité et est restée au coeur des disputes entre puissances méditerranéennes. L’annexion britannique de l’île est confirmée en 1923 par le traité de Lausanne. L’ouvrage se termine par le cas de l’enclave de Kaliningrad. Elle permet à Moscou de conserver un morceau du balcon sur la Baltique que possédait l’URSS jusqu’en 1991.
A travers ces dix exemples appuyés à chaque fois d’au moins une carte, David Périer, et Jean-Baptise Véber, professeurs d’histoire-géographie, montrent la diversité des questions et enjeux des frontières. Ils remettent aussi en cause certaines idées reçues qui peuvent encore exister sur ce thème.