Une BD de très grande qualité, tant pour le texte de Laurent Galandon que pour les dessins de Jean-Denis Pendanx. Elle retrace les effets de l’installation d’une usine de farine de poisson chinoise sur la côte gambienne.
Autour de l’histoire d’une famille, on retrouve les ingrédients de la tragédie quotidienne qui se déroule sur les côtes d’Afrique de l’Ouest. Les auteurs abordent avec pudeur, mais un grand réalisme la surpêche des gros chalutiers qui épuisent la ressource halieutique et mettent en danger les petites pirogues, la nécessité, pour les pêcheurs, de s’endetter pour un moteur plus puissant, des filets pour pêcher toujours plus au large, dans l’espoir d’un avenir meilleur pour les enfants. On y lit aussi les usuriers, les passe-droits quand les femmes sont privées de leur carré potager, le coût de l’école et des médicaments quand l’usine qui pollue rend malade la population.
L’intérêt réside aussi dans le portrait d’une jeunesse prise entre ses rêves, le football, l’émigration vers l’Eldorado européen, mais aussi la mobilisation citoyenne pour défendre ses droits et l’environnement. La tradition, les relations sociales sont aussi présentes et par petites touches la volonté de s’en sortir comme avec ce projet féminin de produits artisanaux pour les hôtels de tourisme.
Ces thématiques nombreuses ouvrent vers des recherches documentaires qui pourraient être proposé en classe : revue de presse, documentaires…
Cette BD fait écho à un documentaire sélectionné en 2022 par le CFSI pour le festival alimentaire : Stolen Fish . En Gambie, le plus petit pays du continent d’Afrique, le poisson est maintenant réduit en poudre par des entreprises chinoises. Exportée massivement vers l’Europe ou la Chine, cette farine de poisson est destinée à nourrir les animaux de l’élevage industriel. A travers les récits intimes d’Abou, Mariama et Paul, le film révèle leurs luttes quotidiennes, leurs colères et leurs espoirs.
Il pourra être complété sur la surpêche par Razzia sur l’Atlantique, présenté en 2024 Les artisans pêcheurs locaux voient les stocks de poissons leur échapper. La misère dans laquelle ils sont poussés est l’une des principales causes d’émigration des jeunes hommes vers l’Europe. Dossier de presse, ou, plus ancien, Poisson d’or, poisson africainLa région de Casamance, au sud du Sénégal est une des dernières zones refuges en Afrique de l’Ouest pour un nombre croissant de pêcheurs artisans, de transformateurs et de travailleurs migrants. Face à une concurrence extérieure de plus en plus forte ces femmes et ces hommes résistent en contribuant grâce à leur labeur à la sécurité alimentaire de nombreux pays africains. Mais pour combien de temps encore ?.
Sur le lien avec les migrations : Au Sénégal : l’exode des pêcheurs (2023)Disponible sur arte.tv jusqu’au 02/11/2026
Cette BD ne peut laisser le lecteur indifférent tant elle est riche d’informations, mais aussi par la qualité évocatrice des illustrations. Une belle réussite pour rendre palpable les interactions économiques entre l’Europe, la Chine, l’Afrique.