La revue « Chroniques d’Histoire Maçonnique »
La revue Chroniques d’histoire maçonnique – ou CHM pour les initiés – (publiée depuis 1982) est désormais présentée par le service de presse des Clionautes, dans le cadre de la Cliothèque. Cette revue réunit des travaux de chercheurs français (pour la plupart) sur les évolutions historiques de la Franc-Maçonnerie française, liée à la plus importante obédience française : c’est-à-dire le Grand Orient De France ou GODF. L’abonnement annuel à la revue Chroniques d’histoire maçonnique comprend 2 publications par an expédiées en décembre et juin. Cette revue est réalisée avec le concours de l’IDERM (Institut d’Études et de Recherches Maçonniques) et du Service Bibliothèque-archives-musée de l’obédience du Grand Orient de France (GODF). L’éditeur délégué est Conform Edition.
« Chroniques d’Histoire Maçonniques » n° 78 (2016-07) : Oswald Wirth : Le père de la littérature maçonnique moderne. Ce numéro est composé d’un avant-propos de la rédaction et de 6 articles. Ce numéro comporte les rubriques habituelles : Études, Dossier, Portraits et Documents.
ÉTUDES :
De la philanthropie maçonnique à l’action républicaine : Vincent Pieglowski, un Polonais, Vénérable de la Loge de Castres : (Patrick Moron)
Ce premier article (rédigé par Patrick Moron) nous montre comment la franc-maçonnerie française en général et tarnaise en particulier fit bon accueil aux libéraux et démocrates européens chassés de leur pays par la répression des insurrections populaires qui ponctuent ce siècle de mutations politiques. Après les Espagnols et les Portugais, ce sont ici les Polonais fuyant Varsovie après les évènements de 1830 qui vont trouver refuge en France et faire souche à Castres. Au fil des décennies, les jeunes étudiants polonais en exil s’intègrent à la vie locale et maçonnique (dans la Loge de Castres du XIXe siècle : L’Harmonie Universelle), s’affirment dans le débat public, puis finissent en pères fondateurs de la IIIe République. Vincent Pieglowski devient Vénérable de la Loge de Castres L’Harmonie Universelle, de 1847 à 1850. Il meurt le 18 novembre 1896 à l’âge de 85 ans et est enterré au cimetière de l’Église Réformée de Castres. Cette étude fournit aussi un dossier très documenté sur la philanthropie maçonnique si importante à cette époque. Vincent Pieglowski a incarné dans la deuxième moitié du XIXe siècle la franc-maçonnerie à Castres, celle du GODF, engagée et républicaine, mettant en œuvre la philanthropie et la laïcité. Des notes infrapaginales biographiques ainsi qu’une bibliographie concluent cette première étude.
DOSSIER : Oswald Wirth (André Combes)
Oswald Wirth, du GODF à la GLSE, de la GLSE à la GLDF (1884-1914)
Le deuxième article (rédigé par André Combes) est consacré au franc-maçon d’origine suisse alémanique Oswald Wirth. Célèbre… mais finalement peu connu, voilà une formule classique qui s’applique particulièrement bien à Oswald Wirth. Père des « manuels » et de la littérature maçonniques modernes, fondateur d’une revue – Le Symbolisme – qui a joué un rôle central dans les débats de l’Ordre au XXe siècle, qui était vraiment Oswald Wirth ? Quel était son parcours ? Quel était son projet ? Au-delà de la personnalité de Wirth, cette biographie peut constituer la première pierre d’un dossier plus vaste sur le renouveau du symbolisme – un temps bien délaissé par les Loges – au sein de la franc-maçonnerie française à la fin du XIXe siècle et tout au long du XXe siècle. Ce long article d’André Combes nous semble constituer un apport essentiel à une « histoire des idées » de la franc-maçonnerie française.
Oswald Wirth en Loge (Extraits d’une Tenue de la Loge Les Amis Triomphants à l’Orient de Paris, le 7 février 1888 : annexe de l’article ci-dessus)
Le Frère secrétaire a eu le souci de présenter en détail les arguments du Frère conférencier (en l’occurrence Oswald Wirth) et ceux évoqués dans les échanges qui ont suivi la planche de Wirth (intitulée « L’Initiation Adonhiramite et les nouveaux rituels du GODF », notamment par ses contradicteurs, lors de la Tenue de la loge parisienne Les Amis Triomphants, le 7 février 1888. La conférence de Wirth s’achève par 3 propositions afin de promouvoir un « renouveau symbolique » au sein de l’obédience du GODF.
PORTRAITS :
Les portraits s’attachent ensuite à deux Maçons atypiques.
David Nadeau continue sa saga sur les liens entre surréalisme, ésotérisme et franc-maçonnerie et nous présente cette fois-ci René Alleau.
Jean Iozia nous propose un résumé de son mémoire à l’École Pratique des Hautes Études sur une des grandes figures de l’Ordre Maçonnique Mixte International Le Droit Humain : Curuppumullage Jinarajadasa.
Le Surréalisme et la Loge maçonnique Thebah : II. René Alleau (1917-2013) : (David Nadeau)
Ce troisième article (rédigé par David Nadeau) continue sa série sur les surréalistes d’après-guerre qui ont été membres de la Loge Thebah, de la Grande Loge de France, vers les années 1959-1963 : deuxième portrait, René Alleau (1917-2013). C’est un historien des sciences, un ancien ingénieur-conseil et un cher¬cheur en études symboliques, dans la lignée de Gaston Bachelard et Gilbert Durand. René Alleau est un spécialiste univer¬sitaire dans l’étude de l’alchimie. En effet, il a publié une thèse sur l’Alchimie au XVIIe siècle, sous la direction de Gaston Bachelard, et un article sur l’alchimie dans l’Encyclopedia universalis. Il participe également à la réédition de classiques de l’alchimie aux Éditions Denoël, dans la collection « Bibliotheca Hermetica ».
Premier surréaliste initié à la Loge Thebah en 1959, il a atteint par la suite le troisième degré quand il a quitté la franc-maçonnerie, en 1963. Auparavant, René Alleau participe à la Résistance sous l’Occupation, puis occupe un poste d’ingénieur en Afrique. Il évoque la connaissance qu’il a acquise des sociétés secrètes africaines, notamment les sociétés de forgerons, dans Aspects de l’alchimie traditionnelle (1953) et Les sociétés secrètes, leurs origines et leur destin (1963). Dès lors, René Alleau devient une des figures essentielles de « l’ésotérisme surréaliste ».
Jinarajadasa (1875-1953), un pont entre Orient et Occident (Jean Iozia)
Ce quatrième article (rédigé par Jean Ioza) nous propose une des grandes figures de l’Ordre Maçonnique Mixte International Le Droit Humain Curuppumullage Jinarajadasa (1875-1953). Cet article est le fruit d’une recherche de Jean Iozia dans le cadre d’un mémoire de diplôme de l’École Pratique des Hautes Études (EPHE – Ve section). Curuppumullage Jinarajadasa naît en 1875 à Ceylan (actuel Sri Lanka), île ayant de tout temps constitué un centre de rencontre entre l’Orient et l’Occident à cause certainement de sa position stratégique au sein de l’océan Indien. Il est né de parents bouddhistes.
Il entre au St John’s College de Cambridge en 1896 où il étudie les Langues orientales et le Droit. Il est diplômé en 1900. En 1904, il se rend aux États-Unis où il commence sa carrière internationale de conférencier au sein de la Société théosophique, à travers de nombreux pays. C’était un excellent linguiste et il donnait ses conférences en anglais, français, italien, espagnol, portugais. En 1916, il se marie à la féministe anglaise Dorothy Graham. Il est vice-président de la Société théosophique de 1921 à 1928 et président de 1946 à 1953.
DOCUMENTS :
Le Réveil de La Parfaite Amitié de Pignerol (Italie) : (Ludovic Marcos)
Ce cinquième article (rédigé par Ludovic Marcos) retrace un projet de « réveil de Loge », de ses sources historiques aux différentes étapes de sa recréation contemporaine.
La première Parfaite Amitié (1807-1814) est née le 29 septembre 1807, à Pignerol (Italie) dans le Piémont, sous obédience du GODF et sous l’occupation française de l’empereur Napoléon Bonaparte. Malgré la rotation des cadres impériaux, la Loge s’enracine et recrute passant de 50 maçons (fin 1807) à hauteur de 77 Frères en 1812. Après la chute du régime napoléonien et le Congrès de Vienne, en 1815, le Piémont revient dans le giron de la Maison de Savoie et entre, comme toute l’Europe, dans une période de répression contre-révolutionnaire et anti-maçonnique.
Les débuts du deuxième âge de la Parfaite Amitié ont débuté officiellement le 10 octobre 2015, à Pignerol, en compagnie d’une soixantaine de Frères et de Sœurs de nationalité française et italienne. La genèse de ce réveil part de la démission de 6 Frères et de 4 Sœurs de Pignerol de l’obédience de la Grande Loge d’Italie (GLDI) mais souhaitant conserver une activité maçonnique et connaissant l’existence du jumelage entre les Frères des Loges Le Soleil de Lérins du GODF à Cannes et ceux de la Loge La Bisalta de Cuneo (GLDI).
Jean-François Bérel © Les Clionautes