Support commercial du film éponyme sorti au cinéma cet automne, cet ouvrage en reprend le scénario de Michel Ocelot. Le père de Kirikou s’intéresse ici au sort de Dilili, une jeune kanake montrée dans un village installé à proximité de la Tour Eiffel. Mais loin de permettre une véritable réflexion sur les zoos humains, le propos de l’histoire ne s’y attarde pas puisque, comme le héros Kirikou, voilà que Dilili, accompagnée d’un jeune livreur en triporteur, mène l’enquête sur de mystérieuses disparitions de fillettes. Les pages enchaînent, avec très peu d’explications, les différentes rencontres que fait le duo : celles de Toulouse Lautrec, l’aéronaute Santos-Dumont, Gustave Eiffel et le comte von Zeppelin…
Le mélange de dessin d’animation et de décor réel achève de brouiller les pistes entre réalité et fiction. D’un côté, l’histoire cherche à s’ancrer dans le Paris historique de la Belle Époque en mettant en scène des personnages emblématiques mais d’un autre, l’enquête menée par Dilili et son compagnon renvoie à la situation contemporaine. Les fillettes kidnappées sont réduites en esclavage dans les sous-sols parisiens par des hommes qui veulent les punir en tant que représentantes du sexe féminin cherchant à s’émanciper. Toutes voilées de noir, à genoux, elles semblent renvoyer au cas des prisonnières de Boko Haram.
Autant dire que la lecture d’un tel ouvrage, à réserver après le visionnage du film – qui, nous l’espérons enrichira la trame narrative de cette version papier expurgée – , va poser bien des questions aux petits spectateurs et petites spectatrices. Courage aux adultes chargés de répondre à ces interrogations !
Catherine Didier-Fèvre © Les Clionautes