Les Manchots adorent les atlas ! Il suffit pour s’en convaincre de penser à la foisonnante production d’atlas universitaires depuis 50 ans : Atlas de Normandie, 1968 ; Atlas des campagnes de l’Ouest, 2014 ; Atlas de l’agriculture normande, 1995 ; Inventaire régional des paysages de Basse-Normandie, 2001. C’est dans cette tradition éditoriale que s’inscrit ce nouvel atlas, fruit de la rencontre entre le collectif de photographes Tulipe Mobile et les géographes du laboratoire ESO de l’Université de Caen-Normandie. Les maîtres d’œuvre de cette contribution collective rassemblant 52 contributeurs (émanant d’enseignants-chercheurs et d’étudiants en géographie) sont des doctorants sous la direction d’un maître de conférence et d’un professeur d’université.
Le joli jeu de mots du sous-titre renvoie aux polders agricoles du Mont-Saint-Michel au pôle d’air des sites industrialo-énergétiques du Nord-Cotentin mais rend assez peu compte de l’ensemble de l’ouvrage. Composé de trois parties, séparées par la reproduction de photographies du collectif Tulipe Mobile, l’ensemble vise à dresser un tableau exhaustif du département. La première partie « La Manche : lieux de vie, lieux de passage », présentée par Lionel Rougé et Olivier Thomas, pose le cadre démographique et migratoire de ce département accueillant aujourd’hui des retraités franciliens en mal d’embruns en même temps que des clandestins cherchant à rejoindre le Royaume Uni. Ces migrations sont remises dans une perspective historique via la reproduction d’une étude réalisée par un instituteur de Cherbourg en 1926. La deuxième partie « Une économie départementale diversifiée » renvoie davantage au sous-titre. De nombreuses double-pages (composées sur la page de gauche de documents cartographiques ou iconographiques et sur celle de droite d’une synthèse du sujet) sont consacrées à l’agriculture et à l’industrie agro-alimentaire mais également aux filières émergentes (bois-énergie, énergies marines). La dernière partie « Les Manchots : « violement modérés » ?, présentée par Robert Hérin, pose la vaste question des politiques publiques en rassemblant des contributions aussi diverses que celle de Rémi Rouault et Quentin Brouard-Sala sur les fermetures de classe, la restauration écologique des cours d’eau (Marie-Anne Germaine) ou bien encore la résistance à l’industrie nucléaire. Cette dernière partie s’achève sur les héritages culturels du département via les festivals accueillis par le territoire (Jazz à Coutances) ou la place tenue par le département de la Manche dans le cinéma (Dominique Briand).
Ce bel objet, volontairement édité sous format papier plutôt que numérique, trouvera sa place dans les bibliothèques des Manchots curieux de mieux connaître leur département, dans celle des participants à cet ouvrage collectif – étudiants en masters comme leurs maîtres. Ce livre témoigne de l’activité d’une université et de l’importance de la couverture scientifique de son territoire.
Catherine Didier-Fèvre © Les Clionautes