Dans le cadre de la refondation de l’école et de la priorité donnée au primaire, la formation renouvelée dans le cadre des ESPE, les éditeurs se devaient d’accompagner le virage du nouveau concours.
L’ouvrage présenté ici nous permet à la fois d’accueillir les éditions Dunod dans nos rubriques ainsi que l’auteur, Christophe Meunier, formateur à l’ESPE Val de Loire. Très découpées (31 chapitres), les quelques 200 pages offrent de nombreux conseils aux nouveaux prétendants à l’épreuve de mise en situation professionnelle.
La première partie « méthodologie » propose des exemples de séquences aux objectifs très clairs et très opérationnels avec trace écrite et évaluation. La présentation détaillée d’une seule séance sur l’ensemble de la séquence suffit à ce stade et ne surcharge pas cette introduction. On y trouve également un rapide historique de la discipline avec toutefois un petit décalage temporel dans le tableau synoptique des courants géographiques depuis 1862 : la première période situe la géographie d’avant 1880 avec des œuvres y étant postérieures (« L’Homme et la Terre » de Reclus en 1905 ou « Les Alpes et les grandes ascensions » de Levasseur en 1888). De même, dans la période 1950-1970, se trouve une référence à l’ouvrage « France, dynamiques du territoire » de Brunet, paru en 1986.
La seconde partie, la plus conséquente, apporte les connaissances à maîtriser au niveau des contenus. Tout y est bien clair et suffisamment explicité pour les non géographes qui travailleront avec cet ouvrage. L’idée de démarrer chaque chapitre avec une ou plusieurs « idée(s) reçue(s) » permet d’accrocher le client de manière intéressante. On pourra juste tiquer sur l’absence de la Croatie (juillet 2013) dans le compte des pays membres de l’Union Européenne de même que sur les cadres de synthèse proposés à chaque fin de chapitre : la maquette n’est pas toujours harmonisée entre des intitulés référant à des « je connais » également nommés « notions à aborder avec les élèves » ou des « définitions à connaître » parfois appelées « vocabulaire à définir avec/pour les élèves ».
Là où l’opus fait la différence, c’est dans la troisième et dernière partie consacrée aux multiples pistes pour enseigner la géographie dans les classes.
Un précieux chapitre sur les très souvent oubliés cycles 1 et 2 fait le point sur le passage de la spatialité à l’espace où l’auteur n’hésite pas à convoquer Jacques Lévy et Michel Lussault pour appuyer son propos. Mais c’est surtout au travers de l’exploitation d’albums que l’analyse de ces niveaux prend tout son sens et c’est ici qu’il convient de préciser que notre collègue est précisément en train de rédiger une thèse originale sur « Les territoires de l’album », justement sous la direction de Michel Lussault. Ainsi, on découvrira comment appréhender les « coquilles de l’homme » avec « Devine qui fait quoi » de Gerda Müller ou comment voir le lointain avec « Madlenka » de Peter Sis. Dommage de ne pas avoir une reproduction d’une page ou deux des albums mais après tout, à l’étudiant d’aller chercher !
Les programmations concernant le cycle 3 font l’objet d’un chapitre suivant et sont détaillées selon les différentes temporalités de l’année, de la période et de la semaine. Même si l’ouvrage vise des futures recrues voulant sans doute bien faire en respectant les instructions au plus près, il aurait été possible de leur montrer que la proposition du texte officielle cloisonnant les échelles selon les trois années du cycle n’en est qu’une parmi d’autres et qu’il est par exemple tout à fait possible de travailler à partir de sujets thématisés parcourant plusieurs échelles.
Le chapitre sur l’étude de document est lui aussi très salutaire. Appuyé par un encart statistique sur la fréquence des types de documents dans un corpus de 8 manuels en usage (et qui révèle la domination des iconographies dont les paysages), le propos montre extrêmement bien comment revenir sur un même croquis lors des trois années du cycle en allant vers davantage d’abstraction dans la légende. De même, on appréciera aussi grandement les explications guidant l’enseignant sur la réadaptation des textes en les raccourcissant sans les trahir tout en précisant comment les sourcer.
Les pages sur la trace écrite, là aussi à l’aide d’une séquence concrète, montrent qu’il n’est pas forcément toujours nécessaire de charger la trace écrite finale et que les réponses aux questions posées avec les documents constituent un renfort de connaissance dont il faut pouvoir tirer profit.
Un mot sur les méthodes, inductive et hypothético-déductive, est encore l’occasion de s’interroger sur le choix du bon document, ici de la bonne carte : une carte administrative de la région Champagne-Ardenne autoriserait un chef d’entreprise à préférer Châlons-en-Champagne pour sa position centrale alors que si l’élève avait vu la carte démographique, il aurait pu guider le PDG vers Reims et sa plus importante population.
Le chapitre sur l’évaluation explique comment trouver un dosage subtil entre savoir et savoir-faire tout en soulevant la question de la note.
Un autre, spécifique sur la progression, vitale, allant du plan à la carte, mobilise le thème spécifique du local et de l’attache personnelle des enfants à leur environnement proche pour évoluer du « dessin de situation » à la carte thématique.
Enfin, deux chapitres finaux « jouer en géographie » et « enseigner la géographie autrement » ouvrent des pistes sur le jeu (« Je construis ma ville » qui, à partir d’une même donne, permet de comparer différents résultats), la pratique du terrain à partir de l’exemple des mobilités de chacun ainsi que l’exploitation d’autres albums pour refermer sur la spécialité de l’auteur.
Une bibliographie, épistémologique et didactique, et une webographie, un peu trop centrée sur les productions de Géoconfluences, complètent le tout.
La découverte des éditions Dunod et de la plume de Christophe Meunier s’est faite de façon tout à fait agréable avec cet ouvrage au prix plus que raisonnable qui devrait devenir un précieux compagnon pour préparer outre les épreuves, une pratique renouvelée de la géographie dans les classes.