Il débute avec une série de trois chapitres sur le krach de 1929, la grande dépression, puis la crise économique mondiale, tous très bons, qui reviennent sur la croissance américaine des années 1920 pour expliquer que la crise n’est pas seulement liée à la spéculation, mais aussi à la surproduction et à la hausse des invendus. D’une manière générale, les passages sur l’histoire économique sont les meilleurs du DVD, car ils sont à la fois ambitieux en évitant la simplification excessive et clairs. La diffusion de la crise depuis les États-Unis vers le reste du monde et en particulier l’Europe est ainsi très bien expliquée. La légende des financiers qui se suicident durant la crise de 1929 est cependant reprise alors qu’on sait aujourd’hui qu’elle n’a pas de fondement.
Histoire politique : peut mieux faire
On passe ensuite aux différentes ruptures politiques des années 1930. Le chapitre sur Roosevelt est assez attendu mais de bonne facture. Celui sur l’Allemagne est en revanche beaucoup moins bon. Là encore, les commentaires sur l’économie allemande (très industrielle) sont intéressants, mais les passages sur l’histoire politiques sont un peu légers. Ne voulant pas à ce moment décrire en détail le régime nazi, le réalisateur va trop vite et ne cite même pas l’exemple italien. C’est sans doute le passage le moins réussi du DVD.
Suit une présentation du Front Populaire, assez longue (13 minutes contre 7 pour l’ascension d’Hitler) pour permettre de présenter de manière satisfaisante une période qui va de la crise économique à la chute de Blum en juin 1937. Le programme économique et social du Front Populaire est décrit de manière plus complète et cohérente que l’habituel catalogue des 2-3 mesures emblématiques. Les problèmes que posent au gouvernement les grèves de 1936 sont également bien expliqués, ainsi que les accusations portées par la droite contre les Soviets et contre Roger Salengro. C’est à propos des débats sur l’intervention ou non en Espagne qu’on apprend enfin que Mussolini est au pouvoir en Italie.
Ce point est plus développé dans le dernier chapitre, « les démocraties face au totalitarisme ». Cependant, là encore, les passages sur le totalitarisme sont trop rapides et trop abstraits pour vraiment être utiles. La présentation de la confrontation entre les démocraties et Hitler (surtout), est conforme à ce qu’on peut en attendre.
D’un point de vue technique, le commentaire est dit d’une voix très claire et audible, le vocabulaire est simple et précis. Les images sont surtout là à titre d’illustration, elles ne sont pas conçues pour permettre un travail pédagogique.
Au total, on recommandera surtout ce film pour les passages sur l’économie, car il est rare que la crise de 1929 et ses conséquences soient analysées de manière aussi nuancée et pertinente. Le passage sur le Front Populaire peut également servir. En revanche, ceux consacrés au totalitarisme sont clairement insuffisants, surtout que rien ou presque n’est dit de l’URSS – les seules allusions concernent l’influence qu’elle exerce sur le parti communiste français, non l’organisation interne du pays. Ce choix délibéré de ne traiter que des changements intervenus dans les années 1930, et donc de laisser plus ou moins de côté l’Italie et l’URSS, est pour le moins malheureux, et d’autant plus incompréhensible qu’on ne craint pas (à juste titre) de revenir sur les années 1920 à propos de la prospérité américaine de ces années !