Cela n’enlève rien à l’intérêt de ces émissions qui demandaient toutefois, pour être utilisées avec profit, l’élaboration d’un questionnement permettant l’assimilation par les élèves d’un contenu riche et complexe.
Une utilisation spécifique
Cette édition pédagogique reprend sur un DVD un ensemble de 12 émissions, certaines étant relativement anciennes, comme celle consacrée aux relations internationales diffusée en 1999. De ce fait, et même si cette émission permet un salutaire retour en arrière sur la guerre froide, cette approche peut dérouter. Le travail des enseignants qui ont élaboré le livret pédagogique vise à remettre en situation ces émissions afin de les rendre accessibles à des élèves dans le cadre d’un cours. Il comprend également une fiche élève, un tableau à compléter par exemple ou un fond de carte de synthèse, comme « le moyen orient sous influence. » On appréciera également la fourniture des corrigés, permettant là aussi aux professeurs, peu familiers de ces questions, de donner en fin de séance, un tableau complet du sujet traité. Enfin, chaque émission est assortie de documents complémentaires comme des articles de journaux permettant d’élaborer quelques sujets de devoirs ou des séquences de travaux pratiques.
Un exemple d’utilisation type
L’ensemble est une réussite parfaitement adaptée à ce que l’on peut faire en terminale. Le démarche choisie ne suppose pas obligatoirement que l’émission soit visionnée au préalable puisque les cartes sont, dans le DVD, accessibles à partir d’un menu spécifique.
Si l’on prend l’exemple du Tchad, la question étant, du fait du Darfour, souvent citée dans l’actualité, l’étude envisage une réflexion globale sur les liens entre développement et les ressources naturelles, en l’occurrence le pétrole et les conflits qui remettent en cause ce même développement.
La fiche pédagogique est basée sur l’étude de différentes cartes, suscitée par un questionnement. Dans le cas précis du Tchad, un article de Libération sur les difficultés sanitaires du pays, complète la réflexion sur le sous développement. En fin de séquence, les élèves peuvent compléter un schéma de synthèse et rédiger un texte court répondant à la problématique qui aura été dégagée. Ce schéma est réalisé, dans le cas du Tchad, comme dans celui de l’émission consacrée à la route maritime du Nord-Ouest en suivant une logique de causalité. Par exemple pour le réchauffement climatique qui rend à terme les routes maritimes de l’arctique accessibles en permanence, les élèves doivent retrouver dans les cartes présentées, les conséquences, économiques, environnementales, voire juridiques de cette évolution.
La question qui reste posée est celle du timing. Comment faire « rentrer », car c’est là que le problème se pose, l’étude d’une question dans le cadre des 55 minutes. Si 10 minutes sont consacrées au visionnage de l’émission, 20 minutes à un questionnement, le temps restant pour compléter le document de synthèse sans parler du texte rédigé se trouve réduit à la portion congrue. A priori et après plusieurs essais en situation, il semblerait que ces séances sont prévues pour tenir dans un cadre d’une heure trente. Dans une série scientifique cela n’est pas facile à faire « rentrer » dès lors que l’on se polarise sur le traitement du programme, sans parler des créneaux d’emploi du temps.
Les choix des émissions
Le choix des émissions est lié au rapport existant avec le programme des classes de terminales. Cela apparaît dans le sommaire de chaque émission même si le thème de géographie, mondialisation et interdépendances permet de traiter un nombre incalculable de sujets. Le choix est parfaitement pertinent, notamment parce que des questions touchant à l’Afrique sont traitées. Le Tchad, cité plus haut, le NEPAD (Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique) ou le Sahara avec une émission récente de 2006. L’Asie est traitée sous l’angle de la Chine et de l’Inde tandis que les Etats-Unis bénéficient de deux émissions, essentiellement sous l’angle de leur politique étrangère. L’Amérique latine est le parent pauvre de cet inventaire tandis que l’Europe, présente pourtant dans le programme de terminales en ES et L n’est pas présentée. On peut supposer que cela est lié à la date des émissions de Jean-Christophe Victor ou à la présence du continent dans les programmes des classes de première.
Au final, cette édition pédagogique du Dessous des Cartes correspond à un besoin. Un professeur pourra parfaitement y trouver des éléments pour traiter une partie du programme avec efficacité. Si l’on peut à ce stade se permettre une suggestion, ce DVD et les fiches pédagogiques associées pourraient parfaitement être utilisées dans le cadre de regroupements. Il serait parfaitement envisageable de réunir deux ou trois classes dans un amphithéâtre et de réaliser les séquences avec un grand groupe. Cela permettrait de dégager du temps pour un travail individuel d’approfondissement ou pour l’évaluation.
© Clionautes – Bruno Modica