Cette édition hommage est une version enrichie de l’album documentaire conçu par Didier Daeninckx et dessiné par Laurent Corvaisier. En cette année 2024 marquée par des anniversaires historiques majeurs, les éditions Rue du monde ont voulu saluer le rôle des résistants issus de l’immigration.

Auteur de nombreux romans dont plusieurs conçus pour la jeunesse, Didier Daeninckx choisit une narration simple mais poétique qui s’harmonise parfaitement au graphisme expressionniste et coloré de Laurent Corvaisier. S’égraine ainsi la vie palpitante de Missak Manouchian et sa femme Mélinée.

Une enfance prédestinée à l’engagement

Né en 1906, en Arménie dans le village d’Adiyamen, Missak (Michel en Français) et sa famille subissent « un orage de feu s’est abattu sur notre paradis », le massacre des Arméniens en 1915. Victimes du massacre, ses parents meurent dans la catastrophe. D’abord recueillis par des familles kurdes, les orphelins arméniens sont transférés au Liban et sont pris en charge par la communauté arménienne. Missak apprend le Français et se lance dans des écrits poétiques.

« J’avais tant rêvé de Paris »

Grâce à l’obtention d’un passeport Nansen (pour les apatrides), le jeune homme débarque à Marseille où il devient ouvrier, puis à Paris où il survit en fréquentant des artistes peintres, musiciens ou poètes.

« J’avais l’impression d’être un mot qui trouve enfin son poème. »

Inscrit à l’université de la Sorbonne, Missak Manouchian se forge des convictions politiques, surtout après les manifestations d’extrême droite du 6 février 1934. Il devient membre du parti communiste. Il y rencontre Mélinée Assadourian qui deviendra sa femme. Les années suivantes lui permettent de tisser des liens sociaux notamment avec la famille de Charles Aznavour. 

La défaite française et la capitulation de Pétain en 1940, poussent l’entourage de Missak à rejoindre les groupes de la MOI (main-d’œuvre immigrée) et le réseau des Francs-tireurs et partisans (FTP) parisiens, créé par ses amis communistes.

Au plus fort de leurs activités, les équipes commandées par Missak Manouchian sont démantelées, arrêtées, torturées et condamnées à mort. Dans une campagne de dénigrement, les occupants font éditer la fameuse affiche rouge où les « traites étrangers » sont exhibés et présentés comme l’armée du crime.

Le 21 février 1944,  Missak Manouchian et ses compagnons sont fusillés au mont Valérien.

Le 21 février 2024, Missak Manouchian et sa femme entreront au Panthéon.

Un album haut en couleurs aux gestes artistiques signifiants

Ce livre jeunesse constitue un magnifique hommage au destin tragique du résistant. Les couleurs vives de certaines pages, correspondant aux souvenirs heureux, contrastent avec les dessins noir et blanc tracés à l’encre de Chine, moments tragiques vécus par Manouchian. Un jeu de volets qui se déplient prolonge le récit et accentue la surprise. Présent sur presque toutes les pages, un oiseau accompagne la narration, alimente le mystère. Serait-il la liberté ?

Cet ouvrage est complété par un dossier documentaire composé d’archives rappelant les temps marquants de la vie du résistant ainsi que les prolongements artistiques qu’elle a pu inspirer, un poème d’Aragon mis en musique par Léo Ferré ou des fresques de rue.