Cette Histoire des juifs en France nous est présentée par son éditeur comme « l’ouvrage de référence sur la relation singulière entre le « peuple élu » et la France« , « une synthèse remarquable » et « plus que jamais nécessaire ». De fait, l’auteur, l’historien orientaliste et spécialiste des relations entre Juifs et Arabes Michel AbitbolAprès avoir enseigné à l’EPHE, l’EHESS, l’université Paris VIII Vincennes et à Sciences Po, il est actuellement chercheur à l’Université hébraïque de Jérusalem et enseigne la géostratégie au sein de l’école de commerce Pôle Paris Alternance (PPA) du réseau Paris Graduate School of Management, s’appuie sur une bibliographie impressionnante d’une quinzaine de pages.
Le sous-titre, du Moyen-Age à nos jours, est cependant décevant puisqu’un rapide coup d’oeil au sommaire nous permet de voir que l’ouvrage fait la part belle à la période contemporaine (abordée à partir du chapitre 4 sur les 18 que comptent l’ouvrage), notamment au XXe siècle et au temps présent (abordés à partir du chapitre 9). De fait le Moyen âge est expédié en un chapitre d’une vingtaine de pages, ce qui semble bien peu.
C’est qu’en fait d’histoire des Juifs en France, l’auteur nous livre plutôt une histoire des relations ambivalentes entre la France et sa communauté juive, entre acceptation et protection d’un côté, ostracisation, persécutions et expulsions de l’autre. Certes la question de la judéophobie et de l’antisémitisme ne peuvent être exclues d’une telle synthèse, mais je trouve dommage qu’elle en soit finalement le coeur, rendant le titre finalement décevant voire mensonger. Ayant gardé un excellent souvenir de l’étude de C. Tossé et A. Lambert Les Juifs en Bretagne du Ve au XXe siècle, publiée aux Presses Universitaires de Rennes en 2018, je m’attendais à une synthèse sur la France entière de la même eau. En ce sens je suis déçu. Déception accrue par la dimension politique qu’il prend sur la fin.
L’ouvrage comporte en annexe trois cartes recensant les principales communautés juives en 2023 en France, dans le Grand Est et en région parisienne dont je comprends mal l’utilité ou la pertinence.
Malgré cela, ce livre reste une synthèse satisfaisante sur les relations ambigüe entre les Juifs et la France, sur l’antisémitisme et la judéophobie françaises depuis les Lumières et la Révolution française. Ni indispensable, ni dispensable.