Les éditions Tornade qui se sont spécialisées dans des ouvrages ludiques ont repris l’adaptation française d’un ouvrage paru au Royaume-Uni. Dans les pays anglo-saxons les livres de ce type font florès, pour le meilleur et parfois pour le pire. Bien souvent ce sont des compilations de références un peu vieillies et même parfois du copier coller pur et simple… Rien de tel avec ce petit livre, au format agréable qui peut s’emporter dans les transports en commun, développement durable et prix des carburants obligent.

On y trouve donc différents chapitres rédigés sur un ton plaisant et interpellatif. L’auteur ne se prend pas au sérieux et cela n’a rien à voir avec un ouvrage du genre « votre enfant est-il surdoué » où des recettes de psychologie de presse people voisinent avec un style racoleur. Les quizz n’ont pas d’autre but que de faire sourire ou franchement rigoler, Dans les questions du quizz on demandera « laquelle de ces questions vous chatouillera agréablement le cortex, tant il est vrai que le génie ne doit surtout pas être porté à ébullition, pour faire référence à une marque de lessive que les moins de 50 ans ne peuvent pas connaître !
Au passage, dans des fiches très courtes et joliment illustrées en style naïf, on pourra découvrir des génies authentiques, auxquels on évitera de se comparer. Ces notices fourmillent d’anecdotes parfois connues par les gens de culture, souvent inédites et en tout cas toujours amusantes.
Une grave question est quand même soulevée, à propos du sexe des génies. Certes rien n’empêche les femmes d’accéder à cette catégorie, cependant les statistiques, les mathématiques, et même Pythagore sont contre elles. Une chance contre 238 millions pour un homme, une pour 812 pour les femmes.

Le troisième chapitre intéressera les historiens, et même les professeurs d’histoire. En moins d’une page, on apprendra beaucoup de choses sur la méthode socratique, ou sur le passage entre l’alchimie et la chimie, véritable crise du moyen âge.
De la même façon, et en quelques lignes, on pourra apprécier la découverte de ces « génies des mathématiques » comme Euclide et quelques autres. Ceux qui sont ainsi méconnus ne sont pas sortis de l’oubli, les autres empoisonnent l’existence de générations de lycéens et potaches. Comme quoi le génie doit d’abord diffuser son œuvre ! Génie méconnu n’est pas un métier d’avenir !

L’ensemble de cet ouvrage est donc plaisamment écrit et il faut rendre hommage ici au traducteur, Stan Barets qui a su rendre avec beaucoup d’élégance les subtilités de l’humour anglais. Maniant l’hyperbole parfois, l’auteur conseille au génie ses tenues vestimentaires. Le veston en velours côtelé usé pour l’universitaire, à condition d’en trouver de géniaux, où les peaux de bêtes et crânes d’ennemis vaincus pour le génie des steppes à moins que ce ne soit celui des alpages !

Les génies sont aussi de grands incompris et ils se caractérisent parfois par leur capacité à s’attirer des ennuis où à susciter l’incompréhension de leurs contemporains, ( voir les génies méconnus). Le génie politique doit, s’il veut faire carrière, éliminer ses ennemis avant qu’ils ne le fassent eux-mêmes. On reconnaîtra ici Lénine ou Staline et même quelques contemporains récents.

On terminera cette présentation par les génies du mal et de l’amour, et on aurait pu d’ailleurs trouver des liens. Le génie du mal comme Staline n’est-il pas guidé par un amour absolu pour son peuple, lui qui a écrit « l’homme ce capital, le plus précieux. » Après en avoir expédié ad patrès quelques millions. Le génie de l’amour est souvent lui aussi méconnu et il apparaît parfois difficile de concilier génie et vie amoureuse. Etre génial prend du temps, et le génie aura tendance à expédier les affaires courantes pour se consacrer à des choses plus intéressantes. Sans doute Nietzsche, lugubre et dépressif, syphilitique de surcroît n’avait rien pour inspirer l’amour, mais on au aussi des exemples plus riants. On pourrait citer Casanova, génial séducteur, et tous ceux qui, par un biais ou un autre ont usé de leurs fonctions de pouvoir, ( voir les génies politiques) pour consommer de l’amour, à défaut de le vivre. Dans ce domaine aussi, être génial n’est pas une sinécure.

Pour toutes ces raisons, et parce qu’il fourmille d’anecdotes et de quizz parodiques, ce petit ouvrage joliment réalisé est à lire et à apprécier. Un moment de détente spirituelle pour les génies méconnus qui assurent les recensions du service de presse des Clionautes… ( Un des enseignements de cet ouvrage est que le génie est toujours connu de lui-même à défaut des autres).

Bruno Modica © Clionautes