Premier tome de la toute nouvelle série Valois lancée par les éditions Delcourt et qui ambitionne d’être, selon ses auteurs, une « aventure à caractère historique grand public », le mirage italien aborde la campagne italienne du roi Charles VIII. Posant les bases de l’intrigue, qui sera pleinement développée au cours des prochains opus, le présent volume laisse une large place à la découverte des principaux personnages que nous aurons à suivre, et notamment les destins croisés de deux jeunes hommes emportés dans le tumulte de la guerre à venir : Henri Guivre de Tersac, jeune noble français désargenté et à la recherche de gloire militaire et Blasco de Villalonga, jeune bourgeois catalan déchiré entre ses amours et sa destinée monacale.

La bande dessinée alterne, de planches en planches, entre le trouble jeu diplomatique auquel se prêtent les grandes puissances de leurs temps. Entre Alexandre VI soucieux d’assoir la domination de sa famille sur la péninsule, Charles VIII roi superstitieux et aisément manipulé par son cousin Louis d’Orléans, au grand dam d’Anne de France, la sœur ainée du roi, ou encore le cardinal Della Rovere ambitionnant le renversement d’Alexandre Borgia et s’alliant pour cela aux français, il y aurait de quoi facilement se perdre dans le récit. Pourtant l’enchainement fluide de la narration rend l’histoire intelligible et facilement compréhensible.

Grande et petite histoire se rejoignent dans les parcours distinctifs d’Henri et de Blasco. Si tout semble séparer à première vue ces deux hommes, leurs routes vont finalement se rejoindre sur le chemin de Rome. Capturés et livrés aux mains de Juan Borgia, ceux-ci parviendront à s’enfuir et à s’engager auprès du condottiere Vitellozzo Vitelli au moment même où Charles VIII franchissait les Alpes.

L’album est sans conteste pleinement réussi. Thierry Gloris et Jaime Calderon n’en sont pas à leur première collaboration et force est de constater que la synergie qui en ressort se révèle particulièrement plaisante. Au scénario parfaitement ciselé s’ajoutent des dessins sublimes. L’on peut toutefois regretter que l’intrigue verse par moment dans la caricature (sadisme des Borgia, homosexualité dans le clergé catholique) qui nous sort quelques instants des péripéties contées. Mais c’est pour mieux y replonger ensuite.

Vivement le tome 2 !