Qui veut s’intéresser à la ville de Kinshasa est confronté à un manque criant de littérature grand public sur le sujet, en dehors de quelques guides touristiques publiés en France ou en Belgique. C’est pour pallier ce manque que Bienvenu Bolia Ikoli, haut-fonctionnaire kinois, s’est lancé dans une vaste entreprise : collecter et traiter tous les éléments disponibles sur la capitale de la République Démocratique du Congo. Cela donne une sorte de mémento-encyclopédie, très illustré, recensant des évènements historiques, des chiffres-clés de l’économie kinoise, mais aussi de sa démographie, sans oublier des points institutionnels sur les administrations en place ainsi que d’autres institutions comme le sport, la rumba kinoise ou bien encore le wenge.

« L’Afrique s’urbanise et Kinshasa y est sans doute la plus grande mégapole en voie d’émergence. C’est une ville fascinante, d’un dynamisme extraordinaire (…) » (p. 13). La population a doublé huit fois depuis 2001 et atteindrait (faute de déclarations systématiques des naissances à l’état-civil, seules 32% des naissances seraient déclarées) 10 millions d’habitants en 2012. Les cartes inédites des quartiers de Kinshasa, dont celui de Bumbu l’un des plus densément peuplés (55 391 hab./km2), constituent la véritable plus-value de l’ouvrage. Le chapitre consacré à chacun des quartiers compile tous les éléments à disposition, il manque toutefois une carte d’ensemble qui aurait grandement facilité la localisation des quartiers les uns par rapport aux autres (même si le texte l’indique).

La forme de mémento de cet ouvrage fait que la lecture de certains chapitres peut sembler rébarbative lorsque l’auteur passe en revue toutes les institutions de gouvernement urbain. Des aspects, tels que les inégalités de richesse entre les habitants et les quartiers, ne sont pas abordés, sans doute, faute d’éléments à disposition. Au-delà de ses réserves, l’ouvrage se veut aussi prescriptif pour les hommes politiques et met l’accent sur les domaines nécessitant de toute urgence des investissements : distribution de l’eau, de l’électricité, accès aux soins et à la scolarisation sans oublier une remise à plat de la gouvernance de la ville mal adaptée à l’explosion démographique. Le ton de l’ouvrage est toutefois tout en retenue et ne prend pas les mêmes libertés que Francis Lelo Nzuzi. Toute la différence entre un haut-fonctionnaire et un géographe !

Catherine Didier-Fèvre © Les Clionautes