Stéphanie Dadour est maîtresse de conférences en Sciences Humaines et Sociales à l’École nationale supérieure d’architecture Paris-Malaquais. Elle est rattachée à l’École doctorale « Ville, Territoire et Transport » de l’Université Paris-Est. Sibylle Le Vot est également docteure en histoire de l’art, chercheuse associée à l’École nationale supérieure d’architecture de Marseille, chargée de recherche à la Cité de l’architecture et du patrimoine. Cet ouvrage épais rassemble différents articles et rend hommage aux 40 années de l’École nationale supérieur d’architecture de Grenoble. L’École d’architecture de Grenoble doit son identité à la recherche qui y est conduite depuis les années 1970, au sein de ce qu’on appelait alors, après mai 1968, l’Upag (Unité pédagogique d’architecture de Grenoble). Elle sera précurseur en France via ses laboratoires historiques tels que le Cresson, le Craterre, les MHA.
Les deux auteures ont décidé d’organiser ce recueil en trois grandes parties. D’abord, un temps est consacré à l’histoire de l’école depuis la première école publique de dessin créée en 1763, en passant par la fondation de l’Ensag en 1978, jusqu’à nos jours. Ensuite, une deuxième partie observe, à partir de nombreux témoignages d’anciens enseignants, comment la recherche et la pédagogie ont toujours été articulées à l’Ensag. Enfin, une dernière partie est dédiée aux annuaires des directeurs, des enseignants et des associations de l’École ainsi qu’à l’inventaire des conférences et revues issues de l’Ensag.
Comme le fait remarquer en introduction Sibylle Le Vot, l’histoire de l’enseignement de l’architecture à Grenoble reste mal connue. Elle débute avec la première École publique de dessin ouverte en 1763, puis l’École de sculpture architecturale en 1831 pour arriver à l’École régionale d’architecture en 1927. La présence en Isère de terres propices au développement de l’exploitation cimentière fait de l’industrie locale l’une des plus grandes pourvoyeuses de ciment à l’échelle nationale durant la seconde moitié du XIXe siècle. Cette industrie locale va donner une orientation aux enseignements dispensés à l’École d’arts appliqués de Grenoble. Ce seront d’ailleurs les bons résultats de la section du Bâtiment qui incitent l’État et les syndicats patronaux et ouvriers à créer en 1927 une École régionale d’architecture, soit la septième fondée en France.
À partir du milieu des années 1970, l’Upag apparaît comme l’une des écoles pionnières de la recherche architecturale en France, en raison du nombre et de la diversité des approches qu’elle encourage, toutes en prise sur la pédagogie. De là, naîtra, par exemple, le Centre de recherche sur l’espace sonore et l’environnement urbain (Cresson). L’objectif de ce laboratoire, créé par Jean-François Augoyard (philosophe) et Jean-Jacques Delétré (architecte) est l’étude des relations qui existent entre les phénomènes sonores, l’espace aménagé et l’homme au quotidien.
L’ouvrage est extrêmement riche en témoignages et en ressources iconographiques. Même si une bonne partie tient plus de l’annuaire des anciens étudiants de l’École, toute la longue et étoffée première partie saura intéresser tout architecte, urbaniste, designer ou tout autre passionné de l’aventure architecturale en France.