En géographie, les problématiques des populations, du peuplement et des territoires sont particulièrement liées les unes aux autres, chacune exerçant des effets sur les deux autres et réciproquement (chapitre 1). C’est à partir de ce postulat qu’a été choisie l’organisation en 3 parties de cet ouvrage. « Il est en effet nécessaire de préciser chaque notion en tenant compte de son interaction avec les deux autres. Cela revient à appréhender dans chaque partie deux notions à travers le prisme de la troisième. »
L’auteur
Gérard-François DUMONT, économiste, démographe et géographe, est professeur à l’université de Paris 4 Sorbonne, Institut de Géographie. Il est aussi président de la revue Population & Avenir (dont les numéros sont chroniqués régulièrement sur la Cliothèque) et vice-président de l’Académie de géopolitique de Paris. Dans la collection U, chez Armand Colin, il a déjà proposé Géographie des Populations – Concepts, dynamiques, prospectives et Les territoires français : diagnostic et gouvernance – Concepts, méthodes, applications. Fort de ses connaissances en matière de populations, de peuplement et des territoires, il propose donc chez le même éditeur mais dans la collection Horizon, un manuel de plus de 550 pages sur l’une des questions de géographie du CAPES d’Histoire-Géographie et de l’agrégation de géographie. Il est aidé dans cette tâche par Françoise ARDILLIER-CARRAS, Cathy CHATEL, Maryse GAIMARD, Jean-François LÉGER, François MORICONI-EBRARD, Laurent RIEUTORT, Benoit SEUROT, Raymond WOESSNER et Jean-Marc ZANINETTI.
Partie 1 – LA QUESTION POPULATIONS, PEUPLEMENT ET TERRITOIRES SOUS L’ANGLE DES POPULATIONS
Les dynamiques des populations en France métropolitaine sont fort variées. Elles sont d’abord le résultat d’une histoire (chapitre 2). Mouvement naturel et mouvement migratoire évoluent depuis continuellement (chapitre 3 et 4). Mais ces dynamiques des populations de l’Hexagone sont encore distinctes de celles de la France ultramarine, elles-mêmes extrêmement variées (chapitre 5). Plusieurs critères sont ensuite mis en valeur : l’âge et le vieillissement de population (chapitre 6), la population active (chapitre 7) et particulièrement les femmes (chapitre 8). Le dernier chapitre (chapitre 9) propose une projection montrant la poursuite des tendances récentes d’ici 2050. La France pourrait atteindre à cette date plus de 70 millions d’habitants avec une augmentation continue de la part des personnes âgées.
Partie 2 – LA QUESTION POPULATIONS, PEUPLEMENT ET TERRITOIRES SOUS L’ANGLE DU PEUPLEMENT
L’étude du peuplement vise à traiter de la distribution spatiale des populations. Il se construit sur le temps long et est le fruit d’héritages (chapitre 10). Un travail de définition du rural et de l’urbain est d’abord nécessaire (chapitre 11), pour préciser ensuite l’armature urbaine de la France (chapitre 12), débattre de la question de la mixité sociale (chapitre 13), s’interroger sur le phénomène de la métropolisation (chapitre 14), sur les rapports entre urbanisation et formes de peuplement (chapitre 15) et sur le déclin/la renaissance des espaces ruraux (chapitre 16). Le peuplement extrêmement varié des territoires d’outre-mer est traité séparément (chapitre 17). Le dernier chapitre (chapitre 18) explore différents scénarios, à l’orée de la pandémie Covid-19 : renforcement de la métropolisation ou la désaffection des métropoles ; dualité des territoires ; écartèlement géographique ; scénario des changements climatiques.
Partie 3 – LA QUESTION POPULATIONS, PEUPLEMENT ET TERRITOIRES SOUS L’ANGLE DES TERRITOIRES
Le territoire est un espace revendiqué par une population, délimité par des frontières et protégé par des lois. Historiquement, l’affirmation d’un territoire s’est concrétisée par la volonté de le peupler afin de l’occuper. Des populations vivent donc sur des territoires par son peuplement. Il s’agit d’abord de définir les différents territoires « administratifs » où vivent ces populations (chapitre 19), évoluant dans le cadre d’une décentralisation/recentralisation (chapitre 20) aux conséquences nombreuses et récentes sur l’aménagement du (des) territoire(s) (chapitre 21). La question du logement et des mobilités (chapitres 23 et 24) sont symptomatiques de ces évolutions (chapitre 22). Plusieurs scénarios prospectifs peuvent enfin être envisagés (chapitre 25) : poursuite des tendances lourdes avec un renforcement des inégalités entre les territoires (accès aux mobilités ou aux services publics par exemple) ; dualité des territoires et peuplement en archipel avec une concentration des moyens sur les métropoles ; fragmentation des territoires (gentrifiés, résidentiels fermés, ségrégués et repliés) ; logique de proximité dans le cadre d’un développement plus durable des territoires et le développement de circuits courts ; politique d’aménagement avec pour objectif central la justice spatiale par l’égalité numérique dans une logique d’arborescence et d’intermodalité.
3 branches de la géographie sont mobilisées : géographie des populations, géographie du peuplement et géographie de l’aménagement des territoires
Au fil des chapitres apparaît d’abord la nécessité d’une analyse plurifactorielle. Il n’y a jamais d’évolution linéaire des populations sur un territoire. Les facteurs explicatifs diffèrent souvent dans le temps. Ainsi le géographe ne peut se contenter de constats et certifier une fois pour toutes les dynamiques de population et de peuplement des territoires, d’où la prise en compte des héritages du passé mais aussi la volonté d’une prospective anticipant l’avenir. Aussi la compréhension des dynamiques de population appelle une variété d’outils de mesure et impose une approche multiscalaire, notamment de va-et-vient entre local et global.
Conclusion
Au final, ce manuel apparaît comme particulièrement dense. Les différents chapitres s’appuient sur des données récentes et sont enrichis par des cartes, des encadrés traitant souvent d’exemples à différentes échelles, de graphiques et de tableaux. Un chapitre annexe fournit des méthodes pour réussir les épreuves de géographie aux concours. Un exemple de plan de dissertation sur le thème aurait été le bienvenu, ainsi qu’un ou deux exemples de croquis. Un index et un lexique sont aussi présents. On regrettera l’utilisation systématique du noir et blanc pour les cartes et l’absence des véritables croquis thématiques compilant les nombreuses informations sous forme (carto)graphique. Ceci constituera certainement une partie du travail personnel à effectuer par les candidats aux concours qui trouveront dans ce manuel de nombreuses informations, et notamment beaucoup de chiffres, dont il faudra faire le tri. Bonne base, il pourra être compléter par les différents articles parus dans la revue Population et Avenir.