Une présentation du film documentaire qui accompagne cet ouvrage est disponible sur Clio ciné.
http://cinehig.clionautes.org/?p=530#.U8qjPrGrYvJ

C’est une amie, installée à Chicago qui m’a offert ce livre qui devrait intéresser tous les amateurs de photographie dans les espaces urbains.
Vivian Maier a été redécouverte au hasard d’une vente aux enchères de vieux cartons de cartes postales et de photos de famille par John Maloof. Au hasard des lots il découvre une boîte remplie de négatifs de format 6 × 6, tirés au hasard des promenades d’une jeune femme dans les rues de Chicago et de New York. Armée d’un rolleiflex, un appareil photo mythique, que je rêve de posséder un jour, pour les lecteurs, qui auraient des idées, mon anniversaire a lieu le 2 octobre, Vivian Maier qui est morte le 21 avril 2009 à Chicago, a parcouru les rues de la ville. Elle y a pris des scènes de rue des portraits surprenants de vérité. Le viseur ventral de cet appareil permet des angles de vue originaux, très différent de ce que l’on peut faire avec les réflexs actuels. De plus, la visée ventrale permet de prendre des clichés en toute discrétion.
Le format de ces négatifs, 6 cm par 6 cm, permet une définition extrêmement précise qui n’a pas véritablement d’équivalent avec les appareils numériques actuels de format 24 X 36 mm. Au-delà de la technique, et elle a son importance dans ce domaine, ces photos montrent les évolutions de la ville et de ses habitants sur un peu plus d’une vingtaine d’années. Ce sont surtout les personnages et leurs vêtements qui permettent de voir l’évolution au fil des pages. Vivian Maier qui ne semble pas avoir exercé d’autres activités que celle de garde d’enfants ou de domestique n’a jamais cherché à publier ces photos. Son appareil, qui devait coûter à l’époque un prix très élevé, et c’est toujours le cas aujourd’hui d’ailleurs, était semble-t-il son seul luxe.
Ce sont bien des photos volées, mais qui traduisent une incontestable empathie, une volonté de fixer des personnes dans un environnement ordinaire. Parfois, comme avec cette photo d’un pigeon sur un rebord de fenêtre elle s’exerce à l’art de la composition. Et dans ce domaine, avec un négatif carré, il y a déjà un sacré sens artistique. On imagine Vivian Maier assise dans le métro de Chicago qui appuie sur le déclencheur en cadrant ses compagnons de voyage. La plupart des portraits sont pris en buste, et les sujets n’ont pas conscience d’avoir été, comme le dit aujourd’hui, « shootés ». Il y a peut-être cette dame, page 89, joliment apprêtée avec ce béret de feutrine et ce large col blanc, qui jette un regard méchant à notre photographe. Magie de cette image, j’ai moi aussi envie de la détester.
J’ai parcouru les pages de ce beau livre, à la fois avec reconnaissance pour l’amie qui me l’a offert, mais aussi avec un fort sentiment d’identification. Trouver le temps de parcourir sa ville, de porter son regard dans un univers ordinaire, et chercher, dans cette indifférence des passants, une partie de leur humanité.
Et puis, j’imagine très bien un retour, 40 années en arrière, lorsque après avoir développé le négatif, je découvrais ces images qui allaient prendre vie sur le papier photosensible.
Je ne sais pas si Vivian Maier peut être caractérisée comme une des plus grands photographes du XXe siècle, comme l’affirment les auteurs de ce livre. Mais ce qu’il faut dire, c’est que cette dame, sur laquelle on ne sait finalement pas grand-chose, avait un sacré coup d’œil et un beau regard sur l’humanité qu’elle traversait.

Quelques images sur Vanity fair
http://www.vanityfair.fr/culture/art/articles/vivian-maier-photographies/1849