Qui sont les auteurs de cette bande dessinée ?

Luca Blengino est né en 1978 à Cuneo (Italie). Après un master d’écriture créative à l’École Holden de Turin, il écrit pour le cinéma d’animation et la télévision. Il est également éditeur, essayiste, dramaturge, comédien et romancier. Luc Blengino est notamment auteur de romans pour la jeunesse, traduits en plusieurs langues. Il débute comme scénariste de bande dessinée en 2004, chez Semic. Il poursuit par une prolifique collaboration avec les Éditions Delcourt, sous la houlette de David Chauvel. Il écrit les séries Flamingo en 2007 et Gaijin en 2008, puis réalise les scénarios de Gold Rush pour la série concept Le Casse en 2010 et entame la deuxième saison de 7 avec Sept survivants en 2011. Il fait un détour par les États-Unis avec Sam and Twitch : The Writer pour Image comics, avant de publier le diptyque L’Astrolabe de glace, toujours chez Delcourt. En 2013, il scénarise un tome de la série uchronique WW2 chez Dargaud et lance la série Sarrasins chez Quadrants.

 

Roberto Ali est né en 1986 à Milan. Lecteur de bande dessinée depuis son plus jeune âge, il suit des cours dans une école dédiée au neuvième art, avant de travailler comme graphiste pour la ville de Milan et pour des éditeurs espagnols, américains et italiens. Il débute la bande dessinée dans des genres variés : histoire, fantasy et érotisme, avec des albums comme Prison (P&V Editions) et Hero of Alexandria (Ape Entertainment). Il réalise également des story-boards pour la publicité. Ses dessinateurs fétiches sont Moebius, Breccia ou Liberatore.

 

Quel est l’apport de cette bande dessinée ?

Avec patience et détermination, Agrippine subit les mariages forcés, auxquels elle met fin de manière radicale, et les privations de liberté quand son rôle contre l’empereur est dévoilé. Lorsque son frère l’empereur Caligula est assassiné par un général qu’elle a mandaté, la nomination de son oncle Claude comme empereur est aussi son complot. Elle consacre son énergie à la future prise de pouvoir par son fils Néron. Pour cela, le jeune garçon est élevé par son ami le philosophe Sénèque. Elle va également surveiller l’arrivée de la jeune femme de Claude, Valeria Messaline, dont le deuxième enfant, s’il était un garçon, pourrait être une menace.

Ce deuxième tome sur trois croise le récit qu’on peut lire dans l’album consacré à Messaline, dans la même collection et par le même scénariste. Un angle différent pour la même période, révélateur des menaces permanentes autour des empereurs. La conclusion de cet épisode est pleine d’un suspense prometteur qu’on devine dans le regard d’Agrippine.

Les points forts de cette bande dessinée en font une bande dessinée de bonne facture, facile à lire : de jolies couleurs ; un scénario dynamique ; agréable volonté de présenter le point de vue féminin d’Agrippine ; « délires » de Caligula (même si oubli de son cheval nommé Consul) ; avec quelques planches magnifiques comme celles de l’expédition sur la Manche ou de l’humiliation d’Agrippine par Caligula.

 

Quelques bémols existent toutefois, issus probablement de la volonté de simplifier l’histoire :

  • Les visages des personnages mériteraient de ressembler davantage aux représentations des statues et de leurs reconstitutions en 3D, comme dans les célèbres BD de Dufaux « Murena » et de Marini « Les Aigles de Rome » ;
  • La volonté de dichotomie excessive de présenter dès le 1e album la famille d’Agrippine comme uniquement descendante des « divins Julii ». Elle descend aussi des Claudii, famille noble qui a donné de nombreux consuls ;
  • Pari audacieux d’occulter les différentes critiques des historiens antiques, proches d’un Sénat hostiles aux Julio-claudiens pour mettre en exergue les dynasties suivantes.

 

Au final, je suis curieux de voir comment ils représentent dans le Tome 3 les rapports compliqués d’Agrippine au pouvoir face à son fils Néron devenu grâce à elle « princeps » (« Premier du sénat », titre souvent mal interprété par « empereur »).