Après « Carnets d’orient » et « Carnets d’Algérie », déclinés en 10 volumes sur la période de 1830 à 1962, Jacques Ferrandez reprend le crayon et le pinceau pour continuer à raconter les destins croisés de ses héros. Né à Alger en 1955, il raconte des histoires familiales même si ses parents espagnols ont rapidement migré en France. Voilà plus de 30 ans que le dessinateur consacre son travail et sa vie à comprendre l’histoire d’un pays qui connaît tant de rebondissements. Dans la préface, selon Jean-Paul Mari, grand reporter, écrivain et réalisateur, notamment de l’Autre Guerre d’Algérie diffusée sur France 5 en 2018, les personnages de Jacques Ferrandez parlent juste, sans jugement. Car l’auteur fréquente régulièrement le pays. Il écoute, il voit, il dessine. Bien que fictionnels, son récit s’inspire de faits réels.
« On ne peut pas le priver de ses racines… Moi, je rêvais d’une Algérie qui accepte toutes les parts d’elle-même… La part berbère, juive, carthaginoise, romaine, chrétienne, vandale, turque et française. Être algérien, c’est être tout cela. » Samia
On assiste à des tranches de vie de personnages ancrés dans la période la plus récente mais qui se souviennent du passé, de la colonisation ou des épisodes noirs de la Guerre d’Algérie.
Novembre 2019 au moment d’une manifestation du Hirak, Paul-Yanis (sous les traits de l’auteur), grand reporter, fils de pied-noir recherche la tombe de sa grand-mère qu’il trouve profanée. L’oncle mimi qui a rejoint l’OAS a été liquidé.
Octobre 1988, Nour, alors étudiante algérienne manifeste pour demander des droits pour les femmes alors que les islamistes réclament une autocratie. Elle explique le rôle assigné aux femmes dans le monde musulman au musée des Beaux-Arts d’Alger où l’art exalte les corps en peinture et en sculpture (On y voit Picasso et Rodin) : « Un pays sans artistes est un pays mort ».
1985, Hakim fait partie de l’armée nationale populaire. Son père pourtant dans le maquis, est écarté du pouvoir en 1962 puis réintégré après la Révolution de 1965. Sa mère est une pied-rouge, une révolutionnaire venue en Algérie pour servir la Révolution au service de la jeune République. Bouleversé par la corruption du gouvernement, il se reconnaît dans l’islamisme radical, partisan d’une guerre pure « comme en Afghanistan ».
1965, Samia, médecin engagé dans les bidonvilles de Nanterre soigne les déracinés, immigrés de la première heure, ou harkis. Elle a un fils avec Octave, un Français dont la famille l’a rejetée.
A Alger, Noémie, française vivant en Algérie depuis des générations revient dans ce pays qu’elle aime tant pour y mourir…
1965, Mathilde, une pied-rouge, vient au pays pour réparer « les dégâts du colonialisme ».
1991, Bouzid fait partie du cercle des généraux qui refusent la victoire du FIS aux élections et préparent une dictature militaire : ce sont les années noires et la résurgence de la guerre civile.
Tous vivent leur histoire de l’Algérie. On retrouve donc d’anciens personnages des carnets d’orient et des nouveaux. Nous avons hâte de les retrouver dans la deuxième partie…