Rédigé par Marie-France Prévôt-Schapira (professeur de géographie à l’université Paris 8) et Sébastien Velut (professeur de géographie à l’université Paris 3), ce numéro 8089 de la Documentation Photographique aborde un large panel de défis auxquels l’Amérique Latine d’aujourd’hui se trouve confrontée.
L’introduction générale dépeint un sous-continent résistant assez bien aux effets de la crise mondiale et européenne, un décollage du Brésil bien marqué par rapport aux autres états, un rapport avec les États-Unis se réduisant au profit de celui avec la Chine.
La grande stratégie économique semble passer par une sorte de retour aux sources via l’exploitation des abondantes ressources naturelles qui ne sont d’ailleurs pas forcément idéalement exploitées.
Sur le volet social, la classe moyenne réussit à faire son retour même si elle demeure inquiète sur son avenir et ce, malgré la diminution de la pauvreté.
Dans le détail, le support est divisé en quatre points : « géopolitique », « populations et sociétés », « modèles économiques », « enjeux métropolitains ».
Il est étonnant de voir avec quelles entrées et avec quelle force la culture latino peut pénétrer dans d’autres régions du monde à l’image des « Telenovales », ces séries mélodramatiques générant une véritable dépendance chez de nombreuses familles de Dakar.
Il est en revanche plus inquiétant de constater la percée de la vague évangélique, le difficile financement des retraites mais surtout que l’Amérique Latine abrite les 20 villes les plus violentes du mondeLa première étant San Pedro Sula au Honduras où votre serviteur a eu l’occasion de faire une escale il y a quelques années et sans qui vous n’auriez peut-être pas eu cette information….
Des nombreux exemples de pratiques économiques sont détaillés, parfois modèles dans leur genre (le secteur minier pour le Pérou) mais souvent avec quantité d’effets pervers (mauvaises conditions de travail, maladies, paysages désolés pour la culture du soja) pas toujours visibles au premier coup d’œil (vitrines du tourisme de Punta Cana).
Les villes, quant à elles, font toujours la course à la verticalité, tentent de moderniser leur système de transports en commun (comme à Medellin en Colombie) ou de loger des habitants toujours plus nombreux (voir l’impressionnante photographie, p 57, d’un gigantesque lotissement de logements sociaux à l’urbanisme « matchbox »Entendons « en forme de boîte d’allumettes. » dans la périphérie de Mexico).
De nouvelles approches métropolitaines passent par l’apport de la classe créative qui, bien que critiquée par endroits, permet de changer la façon de penser l’aménagement du territoire.
Comme habituellement dans cette collection, un savoir-faire établi dans le commentaire pertinent du document pertinent !
Complétera idéalement l’Atlas de l’Amérique Latine sorti récemment chez Autrement.