Londres détient un PIB égal à celui du Portugal et de l’Autriche réunis ! La ville s’est renouvelée, mais en même temps, elle conserve de très fortes disparités. Cette ville fascinante et aux multiples dimensions est à découvrir ou à approfondir dans ce nouvel opus des éditions Autrement.
La ville est aussi souvent à l’honneur dans les programmes, à la fois de façon historique et géographique, et cela aussi bien au collège qu’au lycée.

L’ouvrage est composé de cinq parties d’inégale longueur et agrémenté de photographies qui ouvrent et ferment le livre. La qualité et la multitude de cartes et schémas sont au rendez-vous comme d’habitude dans cette collection. Une chronologie et des annexes parfois étonnantes comme « Londres à l’écran et en roman », ou encore « Les endroits cultes », complètent l’ensemble.

La « salle des machines » du capitalisme mondial

Ainsi Londres a-t-elle été définie par Jonathan Coe. Le livre commence donc par les origines historiques. Avant, ce site de fond d’estuaire avait organisé les rapports commerciaux. Maintenant c’est l’aérien qui constitue la force de Londres. Les chiffres de ces deux époques peuvent être mis en parallèle : au XIXème siècle, il existait 18 kilomètres de quais et aujourd’hui Heathrow c’est plus de 65 millions de passagers en 2010, ce qui en fait le quatrième aéroport mondial.
L’ouvrage offre de nombreux documents directement utilisables, par exemple dans le cadre du premier thème d’histoire de 1ère sur « les économies monde ».
Londres totalisait 180 000 habitants en 1600, puis vint le grand incendie de 1666 qui eut pour conséquence une réorganisation du tissu urbain.

Londres, ville globale

Londres, c’est 45 % du PIB ou la 10ème économie du monde si on l’isolait ! Une double page sur « le pouvoir économique et financier de la ville » comprend une représentation assez étonnante de la part des bâtiments construits entre 2000 et 2010. Cela prouve en même temps combien la ville se réinvente sans cesse. Elle garde en même temps une forte personnalité parmi les villes monde car, jusqu’à récemment, elle n’était pas une ville verticale comme d’autres métropoles mondiales. Mais, finalement, des constructions récentes et souvent médiatisées montrent qu’un virage a été pris.

Qui est le Londonien moyen ?

Le portrait moyen du Londonien est assez étonnant. L’ouvrage offre ainsi une carte avec les pays de naissance des Londoniens : pas facile de dresser son portrait-robot quand on sait déjà qu’un Londonien sur quatre est né hors du pays.
Ils ont un revenu supérieur de 35 % à la moyenne nationale, mais que de différences entre eux évidemment. Il faut tenir compte du coût de la vie dans la capitale. 38 % des enfants vivent sous le seuil de pauvreté.
On associe parfois Londres à la City, mais que de contrastes entre le jour et la nuit. 400 000 personnes s’y pressent chaque jour, mais 10 000 y dorment !

Vivre la ville ou la subir

De très bons croquis donnent à voir et à comprendre l’évolution de la morphologie urbaine du 18ème au milieu du XXème siècle. Aujourd’hui, 90 % des logements construits sont des appartements, une tendance plutôt subie que choisie. La ville est en pleine métamorphose avec le quartier de Saint Pancras qui a connu un changement complet d’image : autrefois, il était synonyme d’endroit mal famé et dangereux.
Cette ville et ses importants contrastes débouchent parfois sur de fortes tensions. Les auteurs reviennent sur l’idée du multiculturalisme à l’anglaise ; les attentats de 2005 ont indéniablement refroidi les relations entre les communautés d’autant que les auteurs des attentats venaient d’Angleterre. On assiste aussi à une juxtaposition entre zones riches et pauvres, parfois juste à une rue d’écart. Ils évoquent aussi les émeutes de 2011 et montrent le rôle de twitter qui fut un instrument de suivi et non d’organisation. Certains Londoniens en tout cas ne peuvent plus se loger avec des prix augmentent de 30 % dans certains quartiers alors que le prix moyen de l’immobilier a stagné.

Une ville saturée ?

Ce point peut servir en classe de seconde dans la question sur les villes et le développement durable d’autant qu’un certain nombre de manuels l’ont choisi comme exemple. Cela permet donc de compléter l’étude de cas. Les transports sont saturés et parfois obsolètes. Malgré ses 700 kilomètres de voies ferrées et ses 400 de métro, le nombre de rames n’a pas suivi le rythme de l’augmentation du trafic passager. En plus, la logique d’époque était de desservir le centre, ce qui n’est plus forcément adapté dans le cadre des villes actuelles.
Un paragraphe est aussi consacré au péage londonien, mis en place en 2003. Son prix est de 11 euros par jour pour les automobilistes habitant hors de la zone alors que les résidents bénéficient d’une réduction de 90 %. Ce système est loin d’avoir tout réglé. En même temps, c’est une région sans réelle identité. Elle a dû et doit encore contrôler sa croissance à travers la ceinture verte.

L’avenir de la plus ancienne des métropoles

Les jeux olympiques ne sont pas si loin, et tout le monde a encore en tête le succès de Londres 2012. Au-delà de l’événement sportif, qui a coûté plus de 10 milliards d’euros, cela a permis de remodeler la ville du côté de Stratford à l’est.
Si l’on parle d’avenir, il faut aussi se poser la question de l’approvisionnement énergétique. Les énergies renouvelables représentent aujourd’hui 7 % de l’électricité produite en 2010, et le nucléaire intervient lui pour 16 % du total. On retrouve d’autres cas évoqués dans les manuels à travers des réalisations comme Bedzed qui fut précurseur pour la durabilité des bâtiments.

Voici donc un ouvrage fort utile, et très en prise avec de nombreux thèmes abordés au collège et au lycée. Plusieurs documents peuvent être utilisés dans le cadre des cours comme le montrent ces propositions.

© Jean-Pierre Costille, Clionautes.