Les mémoires d’un géographe tropicaliste puis géohistorien

Les candidats qui préparaient le Capes ou l’agrégation entre 2020 et 2022 ont été nombreux à lire les travaux de Michel Bruneau sur l’Asie du Sud-Est. Géographe d’abord tropicaliste spécialiste de la Thaïlande jusqu’à la fin des années 1980, Michel Bruneau change de terrain, puis de laboratoire et développe une approche géohistorique du peuplement de la Terre à partir de la diasporas des Grecs du Pont.

« Parcours d’un géographe de transitions » revient sur le parcours du chercheur avec pudeur, expliquant ses méthodes pour travailler sur le terrain, l’impact de ses publications scientifiques et les débats historiographiques auxquels ils pris part.

Cet itinéraire géographique emmène d’abord le lecteur au sein de la communauté des géographes tropicalistes autour de la figure de Pierre Gourou. Lecteur durant son enfance des récits de voyage d’Alexandra David-Neel, de l’exploratrice suisse Ella Maillart et des comptes-rendus du Père Huc, Michel Bruneau est attiré par l’Asie centrale et l’Himalaya. Elève au lycée Buffon, il choisit de prendre le grec comme option en classe de quatrième. Son étude durera jusqu’en khâgne, avant d’être mise à contribution lors de son changement de terrain d’étude au tout début des années 1990. Après l’obtention de l’agrégation de géographie, Michel Bruneau est envoyé en Thaïlande en 1965 pour exercer la fonction de lecteur de français dans la toute nouvelle université de Chiang Mai. Cette mission s’inscrit dans le cadre de son service civil de coopération. Il travaille aux côtés d’Américains dont la fonction est d’enseigner l’anglais aux jeunes thaïlandais.

Son premier article de recherche est une « monographie très descriptive des travaux agricoles, de l’économie rurale et de la société des villages de la minorité montagnarde des Karen » (page 61) dans le Nord de la Thaïlande. Se rendant dans les villages en compagnie d’étudiants thaïlandais, l’auteur fait des enquêtes de terrain pour comprendre l’organisation du foncier dans plusieurs villages du Nord du pays. Il soutiendra sa thèse en 1977.

Source : Extrait tiré du livre publié chez l’Harmattan, 2023, pages 28-29

Outre le parcours de l’auteur, l’ouvrage relate de nombreuses anecdotes au sein de la communauté des géographes. Le rôle quasi-incontournable de Pierre Gourou, les dissensions entre les membres du jury de sa thèse, les critiques vis-à-vis de son utilisation du numérique ou des photographies satellites en font un livre vivant et à hauteur d’homme.

L’excellente postface de Claude Bataillon permettra également aux professeurs de mieux comprendre le glissement sémantique et scientifique d’un géographie tropicaliste d’inspiration coloniale à une géographie du développement.

Pour aller plus loin :
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Antoine BARONNET @ Clionautes