Brigitte Kernel a le don de nous surprendre. Journaliste littéraire, elle publie de nombreux romans chez Flammarion, notamment pour la jeunesse.
Cette fois, elle s’attache à raconter l’histoire de l’enfance d’une star du cinéma, Charles Spencer dit Charlot. L’originalité consiste à se mettre à hauteur du personnage enfant pour comprendre les sources de sa vocation.
En avril 1889 dans un quartier au sud de Londres, Charlie nait dans une famille de comédiens, son père un chanteur populaire et sa mère une vedette du music-hall. L’enfant est très tôt fasciné par le monde du spectacle bercé par la passion parentale : « acteur rime avec bonheur ». Le jeune garçon apprend d’abord de ses parents quand ils se produisent. Il profite de leurs conseils sur un métier qu’il admire. Cependant, Madame Chaplin se montre fragile. Elle doit souvent être internée à l’asile psychiatrique. Charlie vit alors à l’orphelinat avec Sydney son demi-frère, le père ayant abandonné le foyer familial. Alors souvent livré à lui-même, l’observation du monde du spectacle, de la rue et même de ses proches, aiguise ses capacités à reproduire les expressions, à mimer et à singer autrui. Il aime faire rire et surprendre son auditoire.
Parce que son quotidien reste difficile entre une famille désunie, l’alcoolisme paternel et la folie de sa mère, l’enfant se réfugie dans sa volonté de devenir acteur : « je veux être un médicament qui fait du bien ». Grâce aux relations de son père, il devient membre de la troupe de danseurs, la Eight Lancashire Lads, où il rencontre un vif succès. Les directeurs de théâtre et de music-halls comprennent vite son talent. Mais Charlie veut surtout jouer la comédie. Il décroche un rôle de vendeur de journaux dans une pièce Jim, a Romance of Cockayne. Selon son rêve, il s’approche ensuite du monde du cinéma et forge petit à petit son personnage de Charlot.
Cet ouvrage s’avère très plaisant et le récit, souvent retranscrit sous forme de dialogues convient particulièrement aux plus jeunes. Si l’enfance très perturbée de ce personnage cinématographique n’est pas passionnante, l’auteur a su tirer les fils du début de son existence qui ont contribué à forger sa forte personnalité.