Ce numéro du dessous des cartes diffusé le samedi 3 mai 2008 à 20 heures vient très opportunément compléter une série de comptes rendus de lectures publiés sur le site des Clionautes.

L’émission est articulée autour d’une présentation rapide mais très précise des dispositions concernant la convention de Montego Bay, le texte de référence qui définit les frontières maritimes et une évocation de deux cas litigieux et complexes, toujours pas réglés d’ailleurs, celui du Golfe de Guinée et celui de la mer de Chine méridionale.

Le second des exemples intéressera directement les professeurs et leurs élèves amenés à s’intéresser en géographie de terminale à l’Asie Orientale. Tous les pays qui convoitent les ressources réelles et surtout supposées de pétrole et de gaz off shore font partie des NPIA, ils ont des besoins énergétiques croissants sans parler de la Chine qui revendique en s’appuyant sur des arguments historiques la plus grande partie de la zone. Les Vietnamiens, héritiers de l’Empereur d’Annam et de la colonisation française font d’ailleurs de même et ignorent superbement la délimitation des zones économiques exclusives qui met la plus grande partie de cet archipel au-delà de leur zone. En réalité les îles Spratleys se trouvent en haute mer pour la plupart et donc relèvent de l’autorité internationale des fonds marins.

Malgré de multiples négociations depuis les affrontements sino vietnamiens de 1988, la situation semble à nouveau bloquée entre les deux principaux pays et l’ASEAN ne parvient pas à trouver un accord sur ce sujet.

Le premier des exemples cité dans l’émission est sans doute moins connu mais peut être plus complexe.
D’abord parce que dans le Golfe de Guinée les ressources pétrolières sont connues et exploitées. Deuxièmement parce que les États riverains ont des zones économiques qui se chevauchent et enfin parce qu’ils sont de tailles et de puissances très différentes. Le Nigéria par exemple à imposé une délimitation à Sao Tome et Principe très peu avantageuse pour ce pays tandis que le Gabon considère lui aussi que la revendication de l’île d’Annobon pra Sao Tome limite son accès à la haute mer. Depuis 2004, malgré l’arbitrage des Nations Unies ; le litige n’est toujours pas réglé.

Les enjeux maritimes sont évidemment différents avec la flambée des cours des hydrocarbures. Les coûts d’exploitation des gisements Off shore se situent au dessus de 20 $ le baril, (3 $ en Arabie Saoudite) mais à 120 $ le baril l’affaire est encore avantageuse.
Par ailleurs, depuis quelques années on sait, comme au large de la Namibie, exploiter de façon rentable des minerais off shore. Avec la flambée des cours de certains métaux comme le cuivre, le plomb ou le zinc, flambées sans doute plus fortes mais moins ressenties par les particuliers que celles des pétroles et du gaz, ces gisements sur plateaux continentaux peu profonds, souvent des alluvions de grands fleuves deviennent très attractifs. En plus, cela permettrait aussi de faire échapper les consommateurs à cette terrible concentration des grandes sociétés minières qui sont très largement en position dominante. La Chine a essayé en vain de rentrer en position de force dans le capital de Rio Tinto et on voit bien quels sont ses immenses besoins. De ce fait, il faudra sans doute être vigilant dans l’avenir à ce qui se déroule au large de nos côtes. Les États Majors ne s’y sont pas trompés et les armements navals à usage militaire se sont très largement développés, surtout en Asie.

On le voit donc facilement, cette question des frontières maritimes sera à la une de l’actualité dans les tous prochains mois et sans doute pour longtemps. Jean Christophe Victor annonce d’ailleurs dans les prochains numéros du dessous des cartes une présentation de l’Arctique, une question qui sera aussi délicate en raison des ambitions des uns et des autres sur fond de contrôle des routes maritimes entre la Russie, l’Europe et les États-Unis.

Bruno Modica © Clionautes

Je dédie cette présentation à Paul Froidure, né le 18 avril 2008. En lui souhaitant, c’est tout à fait approprié, de naviguer sans encombre dans l’océan de la vie.