Sixième opus d’une collection établie depuis 15 ans, ce nouveau volume des « Données urbaines » rassemble, sous la direction de Denise Pumain (Paris 1) et Marie-Flore Mattéi (ministère de l’écologie), quelques 35 textes provenant de 55 auteurs, essentiellement universitaires ou travaillant à l’INSEE.

Découpé en 6 parties (« politiques », « vivre en ville », « structures spatiales et structures sociales », « activités économiques », « villes en système », « ville et environnement »), l’ouvrage propose des contributions assez synthétiques (environ 10 pages) faisant la part belle aux illustrations.

C’est bien la force principale de cette collection qui, avec une charte graphique structurée autour du bleu, offre des graphiques mais surtout des cartes d’une qualité réellement exceptionnelle, la possibilité pour les auteurs d’en profiter pleinement en justifiant notamment le choix de tel ou tel procédé.

Un article original sur les rythmes urbains au prisme du Vélo’v Lyonnais (Luc Merchez, Jean-Baptiste Rouquier) permet de montrer que les représentations zonales rendent mieux hommage à l’analyse que des figurés ponctuels représentant les stations. En prenant également appui sur les taux de disponibilité selon les heures de la journée ou selon les saisons, les données montrent bien comment s’agencent les usages résidentiels, commerciaux ou touristiques de la ville.

Un peu dans le même ordre d’idée, l’étude de l’Armada de Rouen de 2008 (Bernard Ellisalde, François Lucchini, Sylviano Freiré-Diaz) permet de prendre le pouls d’une ville rendue « éphémère » par ces relations et solidarités occasionnelles. C’est là à l’aide de la téléphonie mobile que les cartographies peuvent se dessiner et montrer, sur le fond, « l’arythmie spatiale et temporelle de la marche de la ville » mais sur la forme que la nature des données change fondamentalement le visage d’un territoire.

Difficile de passer en revue l’intégralité des contributions mais soulignons encore la présence d’un intéressant texte sur les copublications scientifiques en Europe (Pablo Jensen, Andrea Appoloni, Jean-Baptiste Rouquier). La question posée est celle du lien entre la visibilité d’un article et la taille de la ville où il a été écrit et donc, de manière corollaire, l’existence de « clusters ». On note également des phénomènes plus classiques liés à la distance (la France collabore davantage avec l’Italie, l’Espagne ou l’Allemagne, qui elle-même collabore davantage avec des pays plus à l’Est).

De nombreuses autres entrées sont présentées, originales (le PACS, la maladie mentale, le lien entre activités physiques et formes urbaines) ou plus classiques mais toujours en bonne cohérence à l’intérieur d’une même partie. Deux études sur les relations entre carte scolaire et prix de l’immobilier et sur la ségrégation de l’espace scolaire peuvent également nous interpeller sur nos conditions d’exercice.

L’occasion donc de piocher des documents très variés mais surtout extrêmement soignés pour enrichir ses cours.

Xavier Leroux © Les Clionautes