L’édition de poche d’un livre remarqué suite à sa parution en 2014 ! La journaliste Léna Mauger est partie sur les traces des « évaporés », ces Japonais qui ont choisi de disparaître et de changer de vie.

Dans cette longue enquête menée au début des années 2010, et désormais republiée en poche, Léna Mauger dresse le portrait sans concession de ces hommes et de ces femmes qui ont fui leur famille, leur employeur et leurs amis pour reconstruire une nouvelle vie au sein de l’archipel. Chaque année 100 à 200 000 japonais disparaissent.

L’enquête mène la journaliste et le photographe Stéphane Remael à la rencontre des disparus mais aussi de leur famille ou de ceux qui leur viennent en aide, comme dans la forêt d’Aokigahara, réputée pour être l’un des lieux où se rendent ceux qui souhaitent se suicider ou changer de vie.

Dans le Nord-Ouest de Tokyo, Ichiro Kurihama, son épouse et leurs fils, Thim, sont partis sans laisser de trace un 1er janvier. Une société de déménagement de nuit, spécialisé dans les disparitions volontaires, est venue chercher leurs affaires afin de leur permettre de commencer une nouvelle vie. Ils tenaient un restaurant de gyozas, source d’un endettement important et difficile à rembourser. La famille décida alors de vendre la maison et de déménager pour fuir les créanciers et la honte de ne pas avoir été à la hauteur. Fils de tanneurs, Ichiro est de surcroit un burakumin. Cette catégorie de la population est assimilable aux intouchables en Inde. Méprisés depuis le XIXe siècle, ils travaillent dans les métiers sales ou difficiles comme équarisseurs ou employé funéraire. Leur image est assimilé à la « souillure, au sang et à la mort » (page 65).

Parmi les portraits présentés, ces évaporés choisissent généralement de déménager au sein de l’archipel. Mais une partie d’entre eux se rend également au Brésil et au Pérou, deux pays qui ont une diaspora japonaise importante. Certaines familles, sans nouvelle d’un proche, se rapproche également d’associations réclamant le retour de Japonais enlevés par la Corée du Nord depuis les années 1970.

Un récit journalistique attachant et émouvant qui met en lumière les contradictions de la société japonaise. Un livre accessible dès la fin du collège qui pourra trouver sa place au sein du rayon géographie ou sociologie d’un CDI.

Pour aller plus loin :

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