France 2 a diffusé et diffusera encore, si l’on en croit le calendrier de prévision de tournage des épisodes, des aventures de Nicolas le Floch, commissaire au XVIIIème siècle. On peut retrouver en DVD l’intégralité de la saison 1, c’est-à-dire en réalité quatre épisodes de 52 minutes environ qui forment deux histoires complètes.
Le roman policier fait recette et l’histoire aussi : autant donc les marier. Derrière cette alchimie apparemment simple, on trouve parfois le pire ou le meilleur. Sans aucun doute, c’est bien à cette dernière catégorie qu’appartiennent les livres de Jean-François Parot qui servent de base à cette adaptation.

Un jeune commissaire au XVIII ème siècle.

Nicolas Le Floch n’est en réalité pas un inconnu pour certains lecteurs de ses aventures puisque les livres dont il est le héros paraissent depuis plusieurs années chez 10/18 et se signalent par une qualité d’écriture et de justesse historique. Quelques personnages récurrents épaulent le héros comme son fidèle compagnon Bourdeau ou encore Monsieur de Noblecourt, magistrat et ami. Le DVD promet comme compléments, mais nous ne l’avons pas eu en mains, des éléments sur les personnages récurrents ou encore le vocabulaire du XVIIIème siècle. Le cadre historique est donc la France de Louis XV, et on y croise Sartine, lieutenant général de police du Roi, ou plus fugacement la Pompadour. La reconstitution se veut minutieuse, et au-delà des aspects purement formels, tente de rendre compte des rapports entre les personnes dans la France de l’époque. La toile de fond historique est présente, sans jamais être trop lourde, ni trop didactique. Ainsi on trouvera au fil de ces deux épisodes des références à Damiens, à Cassini, ou encore à la question….

L’homme au ventre de plomb et l’énigme des blancs manteaux.

Le premier épisode nous entraîne dans une sombre affaire dont le point de départ est la mort particulièrement atroce du jeune comte de Ruyssec. A partir de là, on remonte dans le temps pour tenter de comprendre les raisons de ce qui apparaîtra comme une vengeance et non comme un suicide comme voulait le faire croire le père du défunt pour des raisons de prestige et de bienséance . Nous n’en dirons pas trop pour ceux qui voudront découvrir une histoire bien ficelée, sans être trop emberlificotée.
Dans le second épisode, cela commence également évidemment par un meurtre, ou du moins par la découverte de restes d’un cadavre. C’est d’autant plus grave qu’il semble s’agir de ceux du commissaire Lardin qui s’était querellé quelques heures auparavant avec Semacgus, un chirurgien de marine, ami de Nicolas, que donc tout accuse. Les histoires de famille et de richesse s’entrecroisent. L’épouse du commissaire Lardin ne semble pas d’une fidélité à toute épreuve, ce qui complique singulièrement l’enquête. Nicolas le Floch qui fut accueilli à son arrivée à Paris par la famille Lardin tente de démêler les fils de cette affaire. Il accumule patiemment les indices, à commencer par une étrange marque sur le sol des lieux où le crime a eu lieu…

Des intrigues variées

Chaque téléfilm dure environ 1 heure 40, ce qui laisse le temps à l’intrigue de se dérouler sans emprunter des chemins par trop balisés. Dans le premier épisode, le cadre est celui des vieilles familles, du parti dévot et de l’entourage du roi. Dans « l’énigme des blancs manteaux », c’est l’univers du jeu qui sert de toile de fond. Bref, à travers ces deux épisodes, on se meut dans le Paris du milieu du XVIII ème siècle sans être néanmoins trop enfermés. A chaque fois en tout cas, on sent bien le poids des relations sociales, de ce qui peut être fait ou dit et par qui et dans quelles circonstances. Une réelle attention est portée au vocabulaire de l’époque, souci que l’on retrouve déjà dans les livres de Jean-François Parot, tous pourvus de quelques pages de notes sur les termes employés. Cela donne ce petit cachet historique sans être artificiel.

Traduire (en film), c’est trahir ?

Pour les puristes, on pourra noter quelques adaptations ou infidélités, c’est selon, entre les livres et les téléfilms. La plus visible est la réunion de deux personnages de Jean-François Parot en un, à savoir la Bichelière et la Satin. Ainsi, on a un personnage féminin qui semble récurrent aux côtés de Nicolas. De même, une troupe d’enfants apparaît à la télévision avec de l’importance pour le déroulement des intrigues. Alors, un héros (Nicolas), une femme et des enfants : les esprits chagrins pourront trouver là que le moule télévisuel fait sentir son formatage et son besoin de drainer le maximum de téléspectateurs peut-être. L’inversion de l’ordre de diffusion des deux premières histoires s’explique aussi par le rassemblement en un seul personnage féminin. Cela ne serait pas trop gênant si l’adaptation ne conduisait pas parfois à des scènes qui semblent d’un coup moins crédibles comme dans le dénouement du premier épisode.

Ne boudons pas néanmoins notre plaisir de découvrir les prochains épisodes s’ils sont de cette même qualité. L’intrigue policière se déroule dans un cadre historique bien décrit. Il y aussi pour le lecteur un réel plaisir à voir s’incarner en chair et en os les personnages du roman qui sont tous assez fidèles à ce qu’on peut imaginer, si ce n’est la couleur des yeux du héros, mais peu importe, puisque Jérôme Robart s’avère un convaincant Nicolas Le Floch.

*http://www.phares-balises.fr/detail4.php?id=32

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