Faire le point sur l’enseignement de l’histoire depuis les années 1990 : telle est l’ambition de cet ouvrage de Jean-Louis Jadoulle, professeur titulaire à l’Université TELUQ (Québec, Canada). Il propose donc ici une synthèse des acquis de son expérience et des travaux de recherche menés dans le monde francophone et en Amérique du Nord.

Quels objets enseigner ?

L’ouvrage est structuré en trois parties et chaque point abordé se termine par un « l’essentiel » très utile. Le livre est composé de trois parties, d’inégale longueur, puisque c’est sur les modalités, et fort à propos, que l’auteur s’arrête le plus. Le sommaire est très détaillé et permet d’aller rapidement à ce qui peut intéresser particulièrement. Il s’agit dans la première partie de réfléchir à quoi enseigner et qu’est-il possible d’apprendre en classe ? Il peut s’agir d’évènements, de phénomènes ou encore d’évolutions. Il est nécessaire de délimiter car l’étude du passé est le langage d’un supplément d’intelligibilité sur le présent. L’auteur s’arrête d’abord sur le concept comme « connaissance outil » pour l’élève. Il insiste sur l’importance de la problématisation et sur le fait d’identifier les acteurs et de périodiser. Pour les élèves, il est nécessaire de leur faire comprendre les causes et les conséquences. Apprendre des compétences en classe d’histoire est important et se voit dans la capacité à les transférer dans un contexte nouveau. Enseigner l’histoire ne se réduit pas à cela car c’est également enseigner des savoirs être.

Quels fondements ?

Jean-Louis Jadoulle souligne qu’enseigner l’histoire peut aussi permettre d’apprendre autre chose que l’histoire. Le projet de développer la conscience d’appartenir à une histoire et de partager une identité culturelle n’a pas déserté aujourd’hui les documents officiels. L’enseignement de l’histoire constitue une occasion privilégiée d’ouvrir les élèves à la compréhension de l’autre. Le consensus actuel autour des trois grandes finalités (intellectuelles, culturelles et citoyennes) est en mesure de donner à l’histoire scolaire une cohérence éducative. L’auteur aborde quelques grandes tendances éducatives comme le socio-constructivisme ou la psychologie cognitive. Il fait le point aussi sur les caractéristiques de l’enseignement explicite. On peut apprendre l’histoire par le récit en la faisant découvrir et aussi apprendre en enquêtant dans le passé. La troisième partie est consacrée aux modalités et se développe sur plus de deux-cents pages.

Elaborer et mettre en oeuvre une séquence d’enseignement-apprentissage en histoire

Le livre propose des schémas pour résumer des processus dans la conception des séquences. L’auteur souligne qu’il est nécessaire de communiquer aux élèves les objectifs spécifiques. Il donne par ailleurs un exemple concret appliqué au règne de Louis XIV. Il montre ainsi l’importance de bien définir ce qui va être traité pour n’en oublier aucun aspect fondamental comme pour les révolutions industrielles.
Jean-Louis Jadoulle définit d’abord l’architecture de la séquence, la phase de démarrage ou encore l’importance de partir des traces du passé que le présent recèle et qui interpellent. Utiliser les représentations des élèves est aussi une nécessité. Il définit les contours d’une situation-problème et donne un exemple détaillé. Il souligne par exemple qu’on peut jouer sur la dimension spatiale en contrastant à une époque donnée des situations différentes dans l’espace. Un des points clés est de définir un fil conducteur de qualité. A propos des activités d’évaluation des apprentissages des élèves, l’auteur fournit un certain nombre de conseils pratiques pour rédiger des questions fermées. Ainsi, il faut éviter les déterminants comme «  tous » ou « toujours » car ils orientent plutôt vers le faux. Cette volonté d’être pratique se retrouve à propos du travail en groupes. Ainsi, Jean-Louis Jadoulle plaide pour des groupes pas trop nombreux, juge utile de préciser les attitudes comportementales ou encore d’assigner aux membres du groupe des responsabilités particulières. Pour approcher une oeuvre d’art, l’auteur cite les travaux d’Andrée de Chamiec qui propose une démarche en cinq étapes. Il ne faut ainsi pas négliger l’étude du contexte culturel de l’oeuvre ou encore la recherche de l’impression générale de l’oeuvre. Utiliser les ressources des musées doit s’appuyer sur quelques réflexes précisés. La nature particulière des traces du passé en milieu muséal permet également de développer la capacité d’observation de l’élève.

Outils, concepts et compétences en histoire

L’auteur passe en revue les outils dont peut disposer un enseignant : du tableau classique au tableau interactif. La prise de notes des élèves doit être soutenue et guidée. Le manuel d’histoire, souvent critiqué, est à réinventer selon l’auteur. Il mentionne aussi l’importance des Tice. Il développe aussi la construction de l’appropriation de concepts en histoire de la part des élèves. D’un système éducatif à l’autre, les vecteurs qui ont amené l’introduction des compétences semble comparables. L’auteur prend le temps de définir ce qu’est une compétence en général et ensuite en histoire. Des éclairages selon différents pays francophones sont proposés. L’évaluation des compétences est un défi pour les enseignants. Il doit concevoir des situations qui évaluent effectivement la compétence.

Guider les apprentissages et certifier leur maitrise

Le chapitre aborde les trois fonctions de l’évaluation : diagnostique, formative et certificative. Il rappelle les caractéristiques de chacune. Jean-Louis Jadoulle insiste sur l’importance de l’auto-évaluation et la coévaluation. La transparence de l’évaluation exige que l’enseignant communique à l’élève ses critères d’évaluation. Il conseille de donner les consignes, les contraintes, les critères et les conseils pour réaliser la tâche évaluée. Le dernier chapitre est consacré à la planification des apprentissages. Plusieurs exemples concrets sont fournis. Ce travail qui peut sembler fastidieux implique un travail de sélection de la part de l’enseignant.

Cet ouvrage propose donc une synthèse sur l’enseignement de l’histoire en faisant le choix d’offrir de nombreux exemples concrets afin de coupler théorie et pratique. Son angle francophone permet aussi de cerner à la fois les points communs et les différences sur quelques essentiels comme les compétences.