Cet ouvrage suisse s’adresse initialement aux enseignants des degrés secondaires, aux futurs enseignants et à toutes celles et ceux qui s’intéressent aux multiples manières d’enseigner. Il offre de nombreuses propositions dont chaque enseignant, quel que soit son niveau, peut s’emparer avec profit. Signalons le fait, très appréciable, que le livre est entièrement téléchargeable en libre accès ici.
Contexte et propositions de pratiques
Cet ouvrage est en quelque sorte un bilan de retours d’expériences. Les chapitres 1 à 4 présentent un cadre global tandis que les chapitres 5 à 11 détaillent les pratiques. Dans ce deuxième volet, pour chaque exemple abordé, il y a à chaque fois une entrée dans la pratique, les caractéristiques, ses intérêts en terme de différenciation et un ou de exemples de mises en œuvre et un pour aller plus loin.
L’école inclusive et ses défis
Le principe de l’école inclusive conduit à diversifier les pratiques d’enseignement. Les auteurs retracent l’histoire de cette idée et clarifient les termes entre inclusion et intégration. Ils rappellent aussi les enseignements d’enquêtes internationales qui soulignent que la différenciation est loin d’être une habitude. Ils reconnaissent aussi que cela induit une charge plus lourde pour les enseignants.
Des élèves différents dans de multiples dimensions
Il faut identifier les composantes de la diversité avant tout et s’interroger pour savoir s’il est gérable de prendre en compte cette différence. En tout cas, cela implique un changement de posture de la part de l’enseignant.
Vers un enseignement différencié
Il s’agit ici de relever tout ce qui peut faire l’objet de différenciation. Cela implique, on l’a dit, un certain état d’esprit mais, il faut aussi bien mesurer que différencier n’est pas individualiser. On peut différencier les structures, les contenus, les processus et les productions. D’utiles tableaux récapitulent les variantes possibles et on apprécie les trois études de cas fournies qui permettent de vérifier qu’on s’est bien approprié les idées.
Apprendre à connaitre les élèves
Les auteurs insistent sur la nécessité de construire une relation pédagogique sur l’année. Des activités concrètes sont proposées pour favoriser cela. Le world café est peut-être connu, mais on pourra être plus hésitant sur la proposition d’une bataille de boules de papier même, si chacune contient un message. Il peut être intéressant de faire énoncer à l’élève ce qu’il a appris durant une semaine et un cours particulier par exemple.
Enseignement magistral
Dans cette partie propositions, les auteurs choisissent de partir de ce qui est le plus traditionnel pour montrer qu’il peut aussi offrir des pistes de différenciation. Les auteurs fournissent un résumé des postulats de ce type d’enseignement que l’on aura intérêt à lire. Il donne les conditions possibles de réussite pour une telle modalité. Parmi les propositions on peut retenir celle qui invite les élèves à comparer entre eux leurs notes. Un système de quiz final est aussi une possibilité intéressante.
L’apprentissage coopératif
Les élèves se voient assigner des rôles au sein d’un groupe de manière que le travail de chacun soit nécessaire à l’atteinte du but fixé en matière d’apprentissage. Il faut bien avoir en tête que travailler en groupe n’est pas inné mais s’apprend. Ce chapitre propose notamment d’expliquer la modalité des groupes puzzle. On apprécie que les auteurs prennent le temps de mettre clairement en évidence points forts et points de vigilance des procédures exposées.
Apprentissage par projets
Il s’agit là d’aboutir à une production concrète au bout d’un temps plus ou moins long. Dans un encadré, les auteurs proposent une grille pour porter un regard critique sur sa séquence d’enseignement par projet. Deux exemples concrets sont fournis et un mode d’emploi pour aider à la mise en place.
Enseignement programmé
Ici, l’enseignement est présenté par étapes et, une ou plusieurs questions, sont posées à chacune d’elles suivies d’une rétroaction immédiate. Cela implique une fragmentation du contenu et une micro-gradation de la difficulté. Le passage d’un pré-test avant le début de l’activité est une procédure qui peut s’avérer particulièrement pertinente pour amorcer ensuite le travail.
La classe inversée
Cette modalité connait de nombreuses variations derrière son singulier. David Zappella rappelle les apports notamment de Marcel Lebrun. Après en avoir relevé les points communs, le livre présente donc ses variations possibles et un exemple de déroulement possible.
Enseignement explicite
Il se déroule en trois temps allant du discours collectif à l’accompagnement individuel. On le présente aussi avec trois lettres : p pour préparation, i pour interaction et c pour consolidation. On trouve là aussi des exemples concrets de mise en œuvre.
Travail en ateliers
Ce dispositif vise le développement de l’autonomie, de la prise d’initiative et de l’auto-évaluation. Karine Dominé montre que de nombreuses activités classiques peuvent être menées, ainsi que ce soit une correction de test ou une dictée. On peut différencier les ateliers pour en faire soit des moments d’entrainement, soit d’enseignement transmissif, soit encore d’atelier de production.
En conclusion, les auteurs reviennent d’abord sur trois difficultés constatées : le manque de temps, un cadre inadapté et les paradoxes de l’école qui tout à la fois sélectionne et doit assurer en même temps la réussite des élèves. Les auteurs proposent des pistes à explorer et invitent, par exemple, à faire différemment plutôt que plus. Ils soulignent aussi qu’il faut agir sur les structures.
On ne pourra que conseiller cet ouvrage qui montre à la fois des exemples pour faire cours autrement et qui, de plus, couple ces propositions au fait de tenir compte des différences au sein d’une classe.