Un ouvrage destiné à tout éducateur, enseignant qui repose, au-delà de la théorieL‘auteur est docteur en Sociologie, consultant et chercheur dans le domaine de l’ingénierie sociale. Il participe à la formation des acteurs du métier du social et du médico-social, il est chargé de cours au sein des universités de Sorbonne Paris-Nord et d’Evry Val d’Essonne. sur une solide expérience de terrain en France, revisité à la lumière de la culture africaine de l’auteur.

Les trois premiers chapitres traitent de l’environnement familial et social de l’enfant et de l’adolescent. L’auteur constate un déclin de l’institution familiale, la famille comme premier lieu de socialisation. Il décrit cinq missions de la famille : nourrir l’enfant, le protéger, l’aimer, lui transmettre des valeurs (notamment la solidarité), l’instruire« Moins on est cultivé, plus on est intolérant envers l’autre » (p. 23). Il dénonce les dangers du pouvoir de l’argent.

Certaines familles sont-elles pathogènes ? Que penser de la transgénéalogie, citée par l’auteur qui lui-même n’est pas vraiment convaincu ? IL refuse que le cercle familial puisse être « comme une matrice » (p. 34). Il met en parallèle la famille européenne et la famille large sénégalaise où l’éducation d’un enfant intéresse tous les adultes.

La réflexion sur les interactions sociales et les choix laissés à l’enfant amène à une discussion sur le rôle et la nature de la punition.

Les chapitres suivants concernent plus les adolescents que l’auteur a pu accompagner dans son travail social.

Il explore rapidement la fierté de certains adolescents à vivre dans des quartiers défavorisés de la banlieue parisienne. Il décrit les dispositifs de la protection de l’enfance et leurs limites et fait une comparaison avec les enfants des rues de Dakar et la législation sénégalaise. Il distingue les talibés (élèves des écoles coraniques) et les « faqmaan » (enfants SDF).

Au chapitre six l’auteur aborde la construction de l’autonomie, finalité du travail éducatif. Il la définit par rapport à l’institution, aux règles de vie en commun, les choix de vie conscients ou irréfléchis. Un paragraphe est consacré à la cyberdépendance.

L’influence du groupe dans le travail éducatif est perçu comme à la fois une menace et un outil, car elle a une fonction intégratrice pour les jeunes placés en foyers.

Les écoles de la 2e chance répondent à un public aux manifestations anstiscolaires, trop bien connues hélas de nombreux enseignants. L’auteur montre en quoi elles peuvent être une opportunité d’insertion sociale des jeunes décrocheurs.

El Hadji Séga Gueye aborde la question des loisirs comme outils éducatifs comme ce séjour en Alsace pour jeunes banlieusards, un récit qui devrait conforter les projets professeurs pour les voyages scolaires même et peut-être surtout avec des élèves en difficultés.

Les codes et la mode sont des éléments fort de l’influence de l’environnement sur le comportement et les choix des adolescents, une expression de l’identification au groupe. Les formes d’expressions parfois, souvent violentes peuvent aussi être le signe de la violence de la société à leur égard. A noter : des exemples concrets qui peuvent aider les enseignants comme les éducateurs.

L’affection et le « care » : le discours sur les parents qui soutiennent sans faille leur enfant n’étonnera pas les professeurs souvent concernés par de tels comportements.

Dans le chapitre consacré au handicap, après un rappel de quelques définitions, l’auteur aborde la question financière des prises en charge. Il montre là et dans le chapitre suivant, les limites de l’accompagnement. Il propose une réflexion sur l’éducabilité, les risques et les échecs du métier d’éducateur. Il dénonce la « macrocéphalie » de l’administration, les attentes déçues d’un placement qui ne saurait être miraculeux.

Un chapitre est consacré aux jeunes migrants mineurs non accompagnés : des effectifs en forte hausseEn France : 13 000 en décembre 2016, 25 000 1 an plus tard. Syriens ou Afghans sont les plus nombreux, ils fuient la guerre, la précarité économique vers une Europe idéalisée, perçue comme le lieu de la réussite sociale, de la modernité, où faire fortune malgré les risques d’être victime de la traite des êtres humains.

Après ces constats sombres, El Hadji Séga Gueye évoque la qualité possible de l’accompagnement, la place faite aux usagersloi du 2 janvier 2002  et l’intérêt des recherches-actions.

Le dernier chapitre revient sur la notion de conscience de soi par le jeune, la prise de conscience de son identité, son appartenance culturelle et sociale.

L’ouvrage plutôt généraliste, s’il ne permet pas une analyse approfondie, peut être utile à l’enseignant confronté à ces adolescents déboussolés.