Les héros sont d’abord des hommes qui, contrairement aux dieux grecs, ne possèdent pas de pouvoirs. Ils ne sont pas parfaits et restent faillibles, tout en ayant quelque chose de surhumain. Contrairement aux autres mortels, ils sont en contact avec les dieux, qui les aident ou leur sont hostiles. Beaucoup sont d’origine divine. Ils se distinguent des autres mortels en accomplissant des exploits grâce à leur force, leur bravoure ou leur intelligence.

Dans un court prologue Françoise Rachmuhl explique pourquoi elle a choisi les figures de Jason, Thésée, Achille, Hélène et Atalante pour cet album. Françoise Rachmuhl est l’auteure de plusieurs albums jeunesse, comme Les douze travaux d’Hercule, Le grand voyage d’Ulysse, Dieux et déesses de la mythologie grecque, ainsi que de plusieurs textes parus au sein du segment  » Contes et légendes  » de Flammarion jeunesse.

Jason est le premier navigateur à partir, avec les Argonautes, pour une expédition d’importance à travers des mers peu connues et vers des pays barbares. Son objectif n’est pas de découvrir le monde mais d’assurer son pouvoir en s’emparant de la Toison d’or. Sur l’Argo, son mythique navire, il fait un voyage fabuleux en compagnie de plusieurs héros comme Héraclès, Castor et Pollux, Pelée, le futur père d’Achille, Atalante…

Thésée est une autre sorte d’aventurier : il cherche à vaincre des créatures mythologique, à commencer par le célèbre minotaure, avec l’aide de la belle Ariane qui se prend de passion pour lui grâce à l’intervention d’Aphrodite, la déesse de l’amour, pour se prouver sa valeur et sauver des vies humaines. Par la suite, il réforme la vie politique d’Athènes et crée la démocratie.

Achille, malgré son mauvais caractère et sa violence, est un des héros les plus appréciés des Grecs durant l’Antiquité. Son histoire, croisée avec celle d’Hélène, est l’occasion de découvrir la guerre de Troie. Trempé par sa mère, la Néréïde Thétis (une divinité marine), dans le Styx, Achille est invulnérable. Sa seule faiblesse est son talon, qui sera transpersé par la flèche de Pâris, le prince troyen.

Les héroïnes choisies par Françoise Rachmuhl, Hélène et Atalante, ne correspondent pas à la femme idéale grecque, qui vit dans l’ombre des hommes, tenant son foyer. Hélène abandonne son mari, ses enfants et son foyer pour suivre Pâris, le beau prince troyen et favori d’Aphrodite, qui l’enlève afin de la ramener avec lui à Troie. En suivant sa passion, elle déclenche la guerre de Troie et provoque la chute de la cité. Elle incarne l’aspect fatal de la beauté : son visage est celui d’une déesse mais, à cause d’elle, des milliers d’hommes s’entretuent. Atalante, quant à elle, est considérée comme un héros à part entière, à égalité avec les hommes. Elle est la seule femme autorisée à monter à bord de l’Argo pour ses qualités à la course. Elevée par des chasseurs, elle mène la même vie que les hommes et a les mêmes qualités qu’eux, même s’ils ont du mal à l’accepter. Le récit se focalise sur l’épreuve qu’elle imagine pour se trouver un époux : seul celui qui parviendra à la vaincre à la course pourra l’épouser. Les autres seront mis à mort. Elle est une figure de femme indépendante.

Les histoires présentées sont plaisantes et bien adaptées à un jeune public, les épisodes les plus violents étant passés sous silence et édulcorés. Néanmoins, les illustrations de Charlotte Gastaut, très belles et modernes, me paraissent trop peu nombreuses pour des lecteurs à partir de 8 ans et le vocabulaire peut être parfois un peu compliqué. Cet album offrira, malgré ces quelques réserves, un beau moment de lecture à des enfants amateurs d’aventures. Il permet une belle entrée dans la mythologie grecque et ses héros.