Si 4 % des salariés étaient en télétravail avant la pandémie de Covid-19, cette proportion est ensuite passée à 30 %. Loin d’être un épiphénomène, ce recours au travail à distance a inspiré les auteurs de cet ouvrage collectif dirigé par Pascale Leroi, Lucile Mettetal et Florian Tedeschi.
De nombreuses questions sont posées : quelle attractivité pour un quartier perdant ses salariés ? Faut-il, et si oui comment, fixer des jours de présence physique au travail ? Quel rapport à la hiérarchie dès lors que l’on partage un peu de son espace intime ? Quelles tensions possibles entre les membres d’une même famille ou quel isolement accru pour les personnes seules ? Comment réagira le marché immobilier ?
Les textes ont souvent une dimension sociologique, on comprend bien que le travail construit l’identité d’une personne, la situe dans un réseau social, développe des compétences, structure un rythme…d’autant que toutes les activités ne sont pas télétravaillables.
Les géographes y verront des recompositions territoriales. Par exemple, le terme « tiers lieu » apparait souvent dans les analyses et évoque ces endroits à mi-chemin entre l’entreprise et un domicile qui ne permet pas toujours d’offrir les conditions optimales, surtout pour les femmes. Le but est surtout d’éviter des déplacements domicile-travail avec des trajets moins longs mais aussi de briser l’isolement.
Il est à noter également que le télétravail augmente au fur et à mesure que l’on s’éloigne du lieu de travail, c’était attendu mais aussi que les déplacements non liés au travail (courses, sport…) se font dans un plus proche rayon pour les personnes qui télétravaillent. La physionomie de certains quartiers d’affaires pourrait s’en trouver modifiée.
Avec cette tendance à se mettre au vert pour faire son télétravail, la problématique des zones touristiques est abordée elle aussi : le prix de l’immobilier augmente fortement dans ces territoires et cela nuit aux jeunes et aux saisonniers qui doivent s’éloigner davantage.
Un ouvrage riche de nombreuses contributions, souvent compactes et bien illustrées. De portée général, il offre par endroits plusieurs focus sur l’Ile de France. Utile donc pour problématiser cette « révolution » du monde du travail.