Les auteurs insistent sur l’importance de la maîtrise de la chronologie sur cette question proposée aux candidats du CAPES et de l’agrégation. Une compréhension fine des contextes, des moments, des basculements, des synchronies est indispensable. Les tensions entre logiques supranationales, transnationales et nationales apparaissent également comme les moteurs fondamentaux de l’histoire contemporaine du Moyen-Orient. Il faut être particulièrement attentif aux processus de fabrication des identités et des souverainetés nationales aux projections complémentaires ou concurrentes. Pourtant, il n’existe pas vraiment de synthèse historique qui permette de comprendre les interactions, les circulations et les interférences réciproques entre les différents espaces du Moyen-Orient pour comparer, confronter, rapprocher, distinguer les différentes dynamiques en œuvre dans ses multiples espaces. Logiquement, les auteurs proposent un plan chronologique. Il s’agit donc d’étudier le passage des Empires (1876-1914) aux États-nations (1948-1980) en passant par la séquence coloniale ou néocoloniale des mandats (1919-1922).
La partie 1, LE TEMPS DES EMPIRES (1876-1914) est divisée en 3 chapitres. Le premier chapitre présente les réformes mises en œuvre dans les Empires ottoman et Perse. Elles permettent des modifications dans les structures des Etats, leurs administrations, les économies, les sociétés et la vie quotidienne des sujets et des minorités. Mais dans un contexte de tensions entre les Empires et les puissances européennes et la Russie, cette modernité entre en choc frontal avec la tradition. Le deuxième chapitre traite des transformations des économies impériales, encore essentiellement rurales, qui entrent dans la mondialisation. Les liens entre le Moyen-Orient et l’Europe occidentale se développement en effet rapidement. Les infrastructures se modernisent et l’urbanisation commence son développement. Le chapitre 3 analyse les convulsions politiques et les révolutions, racines de la future République Turque et de l’Iran des Pahlavi. Au début du XXème siècle, les peuples aspirent à davantage de libertés et à la fin de l’arbitraire.
La partie 2, LE TEMPS DES MANDATS (1914-1948) est également divisée en 3 chapitres. L’effondrement de l’Empire ottoman et du pouvoir central en Iran après la Première Guerre Mondiale est le sujet du quatrième chapitre. Le cinquième chapitre montre le passage de la famille, des communautés restreintes à l’application du concept de « nation » au Moyen-Orient. Mais les velléités d’autonomies locales et les aspirations nationales vont se heurter aux plans de partage de l’Europe, organisé par la Grande-Bretagne et la France (accords dits de Sykes-Picot). C’est le temps des luttes d’indépendance et des affirmations conflictuelles des identités. Le Traité de Sèvres confirme les mandats français et anglais sur toute la région, suscitant révoltes et résistances populaires. Le chapitre 6 traite des bouleversements des cadres étatiques, sociaux et culturels provoqués par ces évènements.
La partie 3, LE TEMPS DES ÉTATS (1948-1980) garde la partition en 3 chapitres. Entre 1948 et 1958 (chapitre 7) les souverainetés sont encore en construction et de nouveaux acteurs arrivent à la direction des Etats. La définition occidentale de l’État-nation semble alors poser problème, dans un contexte de développement du panarabisme et du panislamisme. Les années 1958-1970 (chapitre 8) sont dominées par le registre révolutionnaire, c’est-à-dire une rupture entre l’ordre ancien et un monde nouveau, souvent accompagnée de violences. Les militaires prennent ainsi de plus en plus d’importance et on assiste à un renouvellement rapide des élites, conséquence de recompositions sociales. Entre 1970 et 1980 (chapitre 9), de nouvelles séries de renversements reconfigurent encore profondément le Moyen-Orient. La découverte et l’exploitation de gisements pétroliers, notamment dans la Péninsule Arabique, pose de nouveau la question de la place des puissances occidentales. La Révolution Iranienne clôture cette période, établissant les bases de nouvelles relations entre religieux et politique dans la région.
Ce manuel permet de poser clairement les bases chronologiques de l’histoire du Moyen-Orient entre 1876 et 1980. A sa lecture, on comprend immédiatement toute la complexité de la question au programme des concours d’enseignement. Les dynamiques sont souvent décalées, parfois contradictoires voire opposées. Pour digérer les nombreuses informations, il faut s’attacher aux principales notions que sont l’État, la nation, les identités, la souveraineté,… qui structurent les idées et l’intervention des différents acteurs au Moyen-Orient. Il manque toutefois à ce manuel des cartes permettant de bien visualiser les évolutions territoriales, notamment lors de l’effondrement de l’Empire Ottoman. Les éléments d’historiographie sont également un peu dispersés et mériteraient une étude un peu plus détaillée. Enfin, les candidats de l’agrégation interne devront compléter les informations tirées de ce manuel pour les périodes 1839-1876 et 1980-1990.