Paru dans la très belle collection La véritable histoire du Far West (Glénat/Fayard), ce nouvel opus intitulé O.K. Corral se distingue par la qualité de son récit et la richesse de sa documentation. Signée JD Morvan au scénario ainsi que Thomas Tcherkézian et Scietronc au dessin, elle propose une plongée intense dans l’un des épisodes les plus emblématiques de l’Ouest américain, tout en interrogeant le processus de fabrication d’une légende autour du personnage de Wyatt Earp. Cet album met en lumière les tensions, émotions et ambivalences de cette période dorée du Far West, qui sera célébrée quelques années plus tard par Hollywood. On y croise d’ailleurs John Ford et John Wayne, clin d’œil subtil à cette mythification cinématographique hollywoodienne.

Entre reconstitution fidèle et réflexion sur la mémoire collective, O.K. Corral est une bande dessinée aussi captivante qu’éclairante. Comme les autres titres de la collection, elle mérite une place de choix dans les CDI des établissements scolaires, où elle nourrira la curiosité historique des élèves tout en développant leur esprit critique.

Le synopsis

En 1881, l’Arizona est le théâtre d’une société en pleine mutation, où le rêve de liberté se heurte à une violence omniprésente. Dans cet Ouest encore indompté, la ville de Tombstone devient l’épicentre d’un affrontement entre deux camps irréconciliables : d’un côté, les frères Earp, figures ambiguës se présentant comme garants de l’ordre, de l’autre le gang Clanton-McLaury, impliqué dans de nombreux actes criminels.

La tension culmine le 26 octobre, lors d’une fusillade aussi brève que légendaire. En moins de trente secondes, trois membres du gang sont tués, et trois opposants blessés. Si les Earp sont blanchis par un jury populaire, ils deviennent rapidement les cibles de violentes représailles. Guidé davantage par la vengeance que par un sens aigu de la justice, Wyatt Earp entreprend alors une traque impitoyable.

Des années plus tard, en 1906 à Hollywood, Earp, désormais consultant pour le cinéma, confie son récit au réalisateur John Ford et au jeune John Wayne. Mais que reste-t-il, alors ? La légende dorée d’un justicier de l’Ouest ou l’ombre d’un homme avide de reconnaissance et de gloire ?

La plus célèbre fusillade de l’Ouest, entre mythe et réalité

La bande dessinée O.K. Corral retrace l’un des épisodes les plus célèbres de l’histoire de l’Ouest américain : la fusillade d’O.K. Corral en 1881.

Le scénariste JD Morvan propose un récit aussi vivant que rigoureusement documenté grâce aux conseils historiques de Farid Ameur. L’histoire alterne habilement entre deux époques : 1881, au moment des faits, et 1906, alors que Wyatt Earp, vieilli, se remémore les événements qui ont façonné sa légende. Ce va-et-vient narratif fonctionne très bien, apportant de la profondeur au personnage, pris entre mythe et réalité. On n’est pas ici dans un western classique : c’est l’homme derrière la légende qui est au cœur du propos.

Le dessin de Thomas Tcherkézian et Scietronc peut surprendre au premier abord : traits marqués, visages expressifs, décors minimalistes. Mais ce style vif et singulier s’avère rapidement efficace, mettant particulièrement en valeur les personnages, leurs émotions et leurs actions. Il confère au récit une intensité et une tension palpables.

Enfin, le dossier historique signé Farid Ameur constitue un véritable atout. Il replace les faits dans leur contexte et permet de démêler l’histoire authentique de la construction mythique.