De l’archive avant tout…
Voici 3 dvd différents. Le dvd 1 reprend les débats de 1974 et de 81, le dvd 2 ceux de 88 et de 95. Au total ce sont 8 heures d’archives brutes qui sont à disposition. Revoir certains débats dans la longueur permet de se détacher de l’effet petites phrases.Chaque débat est en réalité présenté de la façon suivante : le débat en longueur, les thèmes, les résultats et autour du débat. Précisons pour la deuxième entrée qu’il s’agit juste d’un séquençage du débat autour de plusieurs thèmes à savoir la politique intérieure, la politique économique et sociale et enfin la politique étrangère. On peut ainsi choisir de comparer le temps consacré à cette dernière dans les débats. Même si la durée des débats est parfois légèrement différente, celui de 74 étant le plus court, on aboutit au minutage suivant : en 1974, 5 minutes, en 1981 28 minutes, en 1988 10 minutes et en 1995 17 minutes.
On peut replonger dans des débats comme l’éventuelle entrée de l’Espagne et du Portugal dans la CEE ou encore sur le maintien de la Grande Bretagne dans ce même ensemble.
Le 3ieme dvd présente un documentaire de 52 minutes sur les débats de l’entre deux tours ainsi qu’une sélection des meilleures petites phrases durant 15 minutes.
Le débat de l’entre deux-tours : un rendez-vous qui devient incontournable
Il s’agit d’un historique agréable à suivre sur ces moments forts. Le documentaire commence évidemment par le général de Gaulle et l’annonce de la réforme de 1962 sur l’élection du président au suffrage universel direct. Le tout est commenté par des analystes habituels comme Raymond Cayrol et par les participants des différents débats comme Michelle Cotta ou Alain Duhamel. On voit comment se construit progressivement cet événement incontournable. 1965 1969 sont assez vite expédiés avant d’évoquer plus en détails celui de 1974. La campagne est très courte à cause de la mort de Georges Pompidou. A ce moment là, VGE apparaît comme très à l’aise à la télévision. Ces débats ont à la fois quelque chose de commun et, en même temps, ils s’individualisent bien, tant les ambiances sont différentes. En 1974, il n’y a pas de règles, rien n’est prévu ni décidé en terme de lumière, de camera par exemple. A chaque fois, les analystes essayent de cerner quelle est la clé de chaque débat. Ainsi, en 1974, VGE doit montrer que Mitterrand est archaïque. Le tout est appuyé par quelques extraits. Ce débat comme d’autres est agrémenté de quelques moments forts, mais sans surprise. Pour ceux qui veulent en savoir plus, il faut alors se référer aux autres dvd du coffret. On goutera ou non pour la énième fois un » mais vous avez tout à fait raison monsieur le Premier ministre » de 1988 lancé de façon cinglante et glaçante par François Mitterrand. En 1995, Chirac est très mal parti. Jospin, lui, doit fendre l’armure ce qu’il n’arrivera pas vraiment à faire. Le documentaire se conclut sur le débat de 2002 qui n’a pas eu lieu entre Jacques Chirac et Jean-Marie Le Pen.
En coulisses…
L’ambiance change à partir de 1981 avec l’intervention des hommes de pub comme Jacques Séguéla. On apprendra peu de chose sur le fond mais davantage sur la forme et donc quelques anecdotes. Tout est défini juridiquement et on découvre le rôle de Badinter. On apprend ainsi les petits à côtés sur la façon dont Mitterrand voulait en 1981 éviter alors de serrer la main à VGE pour pouvoir lui rentrer dedans, manœuvre qui échoua d’ailleurs. L’ambiance varie beaucoup on le sait d’un débat à l’autre. Celui de 1988 est clairement le plus tendu. Chirac est très nerveux comme le confesse aujourd’hui Michelle Cotta. Mitterrand a Chirac dans sa ligne de mire d’autant que la distance qui les sépare lors du débat reproduit celle qui a existé entre eux pendant deux ans de cohabitation.
Au total cette coproduction de l’Ina fonctionne un peu comme une agréable madeleine dont on pourra se servir lors de nos cours sur la 5ème république. On peut tout de même trouver hallucinant que ce soient les deux débatteurs qui se mettent d’accord sur le choix des journalistes animateurs et non les chaînes. Très souvent en même temps leur rôle est réduit au minimum car ils n’interrogent pas vraiment les candidats, si ce n’est pour lancer les grands thèmes.
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