Un ouvrage à lire pour préparer un voyage au Québec si on veut mieux comprendre les réalités du lieu. L’auteur, journaliste, partage sa vie entre le Québec et la France, il propose de partager ses connaissances sur les Québécois.
Naissance d’une nation
Un premier chapitre présente la géographie du Québec en insistant, à partir des récits des premiers colons français, sur l’immensité et les rigueurs du climat et en particulier sur le vécu au quotidien aujourd’hui comme hier du long hiver.
L’histoire de la « belle province » est abordé au second chapitre, une occasion d’évoquer les évolutions de l’historiographie québécoise et de poser la question : Quelle histoire enseigner ? Celle du Québec ou celle du Canada ?
L’auteur rappelle la devise gravée en 1883 au-dessus de la porte de l’Hôtel du Parlement : « Je me souviens » et toujours présente sur les plaques d’immatriculation des véhicules. Il montre les ambiguïtés de la commémoration du 400e anniversaire de la fondation de la ville de Québec.
C’est ensuite la question linguistique qui est présentée. La langue française est-elle menacée ? Quels sont aujourd’hui les enjeux d’un débat souvent partisan ?
Un peuple américain
L’auteur commence par rappeler que l’économie québécoise s’inscrit dans l’économie de marché et entrepreneuriat avec quelques fleurons comme la banque coopérative Desjardins fondée en 1900 ou l’entreprise publique Hydro-Québec.
Les relations avec les États-Unis reflètent les différences entre une communauté francophone affirmée et le modèle du melting-pot mais l’influence culturelle est incontestable y compris dans de nombreux aspects du quotidien.
Le chapitre 6 traite de la place des femmes et des mouvements féministes dans une société longtemps dominée par les hommes.
Crises de foi, crises d’identité
L’auteur analyse le mouvement indépendantiste, ses ponts forts et ses évolutions. Il présente les minorités des « Anglos » aux « Premières Nations » ce qui introduit une réflexion sur la gestion des diversités culturelles nées de l’immigration récente de populations extra-européennes (Maghreb, Haïti et même Chine) qui pose la question de religieux dans une société longtemps dominée par l’Église catholique, affirmation identitaire face à la domination anglophone.
Québécois ou Canadiens ?
Il faut d’abord remarquer que les Québécois connaissent mal le reste du Canada et vice-versa même si les Québécois joue un rôle majeur au niveau fédéral (Justin Trudeau).
Le Québec demeure une province moquée et caricaturée comme me montre le titre du chapitre 11 : « La province la plus taxée, la plus réglementée, la plus corrompue du Canada ».
Mais Il existe des communautés francophones hors du Québec, plus d’un million de Canadiens déclare le français comme langue maternelle en particulier dans l’Ouest.
Mythes québécois
L’auteur souhaite ici montrer comment l’histoire a marqué et marque le sentiment québécois : abandonnés par la France au Traité de paris en 1763, colonisés par les Anglais avant de participer au projet canadien depuis 19867 (instauration du régime fédéral). Malgré le pessimisme affiché des discours publics les Québécois expriment une joie de vivre qui s’épanouit dans les nombreuses fêtes estivales.
L’auteur tente de décrire le « modèle québécois » qu’il qualifie d’avant-garde sociale (progressivité de l’impôt, avortement, législation sociale généreuse).
Si la production énergétique paraît vertueuse grâce à l’hydroélectricité, sa mise en place s’est et se fait souvent sans respect de l’environnement tout comme l’exploitation minière dénoncée par les ONG. Le Saint-Laurent est largement pollué au dépens notamment de l’emblème et atout touristique que représentent les bélugas. L’auteur évoque aussi la voiture reine et l’étalement urbain.
Défis d’aujourd’hui, défis de demain
C’est d’abord le défi démographique d’un peuple vieillissant. Si Montréal est une métropole dynamique , attirante, multiculturelle et ouverte aux nouvelles technologies elle est isolée du Québec rural et fragilisé.
L’évolution politique est plutôt conservatrice et le Québec est confronté aux questions de la laïcité et de la place de l’Islam, situation finalement assez proche des évolutions du vieux continent ?