Emilie Plateau adapte en bande dessinée le roman de Tania de Montaigne.

Les premières pages nous situent à Montgomery, Alabama et présentent simplement la réalité concrète de la ségrégation dans cette ville emblématique des luttes pour les droits civiques. La vie quotidienne des Noirs est ainsi entravée par les lois Jim Crow, notamment dans leurs courses et leurs déplacements en bus.

Claudette Colvin est une jeune lycéenne noire. Un jour, en sortant du lycée, elle refuse de céder sa place dans le bus à une passagère blanche. Elle est donc arrêtée. Condamnée pour trouble à l’ordre public, violation de la loi et agression à l’égard des représentants de l’ordre, elle est soutenue par la communauté noire de la ville. Un boycott des bus s’organise, mais est de courte durée. L’argent collecté permet de financer un appel. Les charges de trouble à l’ordre public et de violation de la loi sont abandonnées. Cependant, le dernier chef d’accusation est maintenue. La condamnation obscurcit l’avenir de Claudette Colvin, qui souhaite devenir avocate. Après le procès, elle assiste à des réunions de la NAACP où elle raconte son histoire.

Neuf mois plus tard, Rosa Parks est à son tour arrêtée. Le boycott reprend de manière plus durable. La campagne marque l’effacement de Claudette Colvin, dont le nom est erroné dans les tracts puis disparaît. Enceinte d’un homme marié, elle apparaît comme moins présentable que Rosa Parks. La jeune fille est renvoyée du lycée. De son côté, Rosa Parks est à son tour condamnée pour trouble à l’ordre public, violation de la loi et agression à l’égard des représentants de l’ordre.

Les menaces visant les acteurs du boycott sont ensuite représentées : insultes, destruction de véhicules, de maisons, arrestations… Face au refus de la municipalité, une nouvelle action judiciaire se met en place, cette fois-ci devant une cour fédérale afin de montrer que la ségrégation dans les bus est contraire au XIVe amendement. Claudette Colvin accepte d’y participer avec quatre autres femmes noires. Après la victoire judiciaire, elle retombe dans l’anonymat… L’opinion publique ne retient que les noms de Martin Luther King et de Rosa Parks. Autre oubliée, Jo Ann Robinson, présidente du Women’s Political Council, est l’initiatrice des deux boycotts.

Le livre est complété par quelques courtes notices de Tania de Montaigne. Le récit est simple, pose bien le contexte. Il est accessible aux collégiens et permet de mettre en lumière des acteurs oubliés de la lutte pour les droits civiques.

Jennifer Ghislain

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