Et si on pouvait raconter l’histoire de sciences, pourtant largement théoriques et abstraites, en bande dessinée ? C’est toute l’ambition de ce nouvel album issu des collections l’Incroyable Histoire à laquelle on doit déjà une Incroyable Histoire de la géographie ou encore une Incroyable Histoire de la mythologie grecque aux Arènes.

Comment raconter l’histoire des sciences en bande dessinée ?

La perspective adoptée par les scénaristes, Pierre Boisserie et Didier Convard, repose sur un grand récit divisé en 4 parties portant sur 4 grandes sciences : les mathématiques, la physique, la chimie et l’astronomie. On peut s’étonner d’emblée de l’absence des sciences de la vie et de la terre qui auraient sans doute pu avoir leur place dans cet ouvrage même si celui-ci aurait alors largement gagné en longueur.

Le récit est mené par deux protagonistes principaux. Le premier est Cédric Villani, qui a par ailleurs joué un rôle de conseiller scientifique dans cet ouvrage. L’ouvrage commence avec son entrée au café des sciences, sorte de café en dehors du temps et de l’espace où se retrouvent tous les grands scientifiques de toutes les époques. Il y rencontre Marie Curie, l’autre personnage principal, et tous les deux s’interrogent sur « Pourquoi la science ? ». En effet, le constat d’un monde sans cesse fragilisé par l’action humaine semble contradictoire avec l’objectif fondamental de la science qui, en améliorant la connaissance du monde, devait permettre d’améliorer la condition humaine.

C’est donc pour répondre à cette question que nos deux héros s’engagent dans un long voyage temporel, remontant systématiquement aux fondements des différentes sciences pour aboutir à notre époque. Leur parcours est en réalité une suite de rencontres permettant, à partir des scientifiques, d’expliquer les grandes théories scientifiques qui ont jalonné l’histoire de l’humanité.

L’ouvrage est-il abordable pour un néophyte ?

L’objectif de cette histoire des sciences est véritablement pédagogique : il s’agit de vulgariser les grandes découvertes et théories scientifiques. Dans cette perspective, l’usage de la bande dessinée constitue un vrai atout. Le dessin permet de rendre concret un certain nombre d’idées abstraites, par le biais notamment de schémas, de représentations d’objets ou de métaphores. Par ailleurs, le récit regorge d’anecdotes et d’humour qui permet aussi d’accrocher davantage le lecteur et là encore la bande dessinée s’avère efficace, car elle permet de nombreux gags en second plan. Bercovici, par son dessin, permet de rendre l’ouvrage attractif.

Le biais d’un récit fictif permet d’éviter, en outre, une présentation trop austère des théories scientifiques. Nous suivons les personnages et leurs rencontres, leurs conversations, leurs débats, parfois leurs disputes. Les allées et venues dans le temps permettent de contextualiser efficacement ces découvertes. Ce contexte s’avère en effet nécessaire, car il constitue une clé pour comprendre le mode de pensée d’une époque et permet ainsi d’expliquer la mise au point de nouvelles théories. Ce même contexte permet aussi d’expliquer la réception de ces découvertes, soit pleinement inscrites dans leur époque, soit en rupture avec parfois des conséquences tragiques pour leurs auteurs (il est ainsi fait mention de Giordano Bruno, visionnaire astronome et brûlé par l’Inquisition).

Il est à noter enfin que les civilisations anciennes ne sont pas mises de côté. Les apports des Mésopotamiens, des Égyptiens, des Grecs puis ensuite des civilisations arabes à l’époque mondiale occupent une place conséquente et bienvenue dans le récit et nous rappellent que certaines connaissances approfondies de l’Homme sont particulièrement anciennes.

Cependant, malgré toutes ces qualités, le propos n’est pas simpliste non plus. Il faut parfois s’accrocher, en tant que néophyte, pour comprendre certaines théories plus complexes, notamment lorsqu’on aborde le XIXe et XXe siècles où l’enchaînement parfois très rapide de scientifiques pourrait nous perdre un peu. Cela n’en demeure pas moins un livre relativement accessible, ce qu’il faut saluer.