Jan de Kinder est né en 1964 en Belgique. Il a d’abord étudié les arts graphiques appliqués. Il a commencé à illustrer des livres dès 1998 et à les écrire en 2002. Il travaille également dans des écoles. Il a désormais près de 40 livres à son actif, traduits dans de nombreuses langues.
Un thème délicat : le harcèlement

Cet ouvrage jeunesse propose d’aborder un thème pas facile, celui du harcèlement qui fait partie des priorités actuelles du ministère. Le livre choisit de se placer du point de vue d’une petite fille qui participe et assiste au harcèlement d’un camarade. Ce biais peut permettre une mise à distance salutaire. Ce qui est aussi particulièrement intelligent dans l’histoire proposée, c’est de montrer combien tout peut partir d’un détail insignifiant et dériver ensuite. Le texte est très court et fait plutôt la part belle aux illustrations.

Au départ, presque rien

L’histoire commence avec Arthur qui se voit reprocher ses joues rouges. Une petite fille le lui fait remarquer puis le montre à d’autres. De fil en aiguille, « tout le monde chuchote en regardant Arthur ». Il devient la risée de ses camarades. La petite fille qui avait transmis l’information sur les joues d’Arthur regrette ensuite de l’avoir fait. A un moment, la maitresse entre en scène alors qu’Arthur est par terre, blessé dans la cour d’école. La jeune fille n’ose rien dire à cause de Paul, le caïd du coin.

La révélation de la vérité

La maitresse cherche à savoir ce qui s’est passé. Malgré sa peur, la jeune fille ose lever la main pour tout révéler. Ce doigt, qui se lève courageusement, presque malgré elle, libère la parole des autres élèves qui disent aussi ce qui s’est passé. Elle est tout de même menacée par Paul qui finalement renonce devant la levée de bouclier des autres élèves de l’école. Arthur retrouve la jeune fille et lui propose de faire un foot. A ce moment là, c’est elle qui rougit, peut-être le début d’une histoire d’amitié.

Avec peu de couleurs, on peut dire beaucoup

L’ouvrage joue avec peu de couleurs : le rouge évidemment, et autrement, ce sont plutôt des tonalités grises, façon crayon de papier. Les quelques autres touches de couleur sont un peu de vert et de jaune. Le livre est très efficace pour faire passer son message comme lorsque l’on voit Arthur qui se met à l’écart et qui subit les moqueries des autres. On pourra noter aussi cette double page où la jeune élève ose lever le doigt quand la maîtresse interroge pour savoir ce qui s’est passé. Au milieu d’une mare rouge son doigt se lève.

Ce livre très court peut permettre habilement d’ouvrir la discussion sur un thème difficile. On pourra conseiller de le lire avec l’enfant pour déclencher la parole.

© Jean-Pierre Costille, avec l’aide de Nina.