Un documentaire de Roland Cros (2005), réalisé par Roland Cros, Colette Ouanounou et Jimmy Leipold, coproduit par France 5 et le SCÉRÉN-CNDP.
52 min
France 5 : dimanche 7 août, 15 h 30 Libre de droits
L’EMISSION

Le Brésil, pays du Sud mais puissance économique incontestable, est un des États les plus inégalitaires du globe. La richesse et le luxe côtoient la misère, la croissance économique ne profite pas à tous, comme en témoigne le faible niveau de développement d’une partie de la population, dans les villes comme dans les campagnes.
Le film révèle ces contrastes en suivant trois familles brésiliennes, filmées dans trois régions différentes. À Salvador de Bahia, dans un quartier sécurisé, véritable ghetto pour gens riches, un couple blanc et leurs employés de couleur vivent dans une villa magnifique située à l’écart de la ville. À São Paulo, la famille de Joao, métis, originaire du Nordeste, vit dans une favela. Au cœur de l’Amazonie, dans une maison de bois sur pilotis vit une famille de métis qui exploite une plantation de fruits.
Autant de témoignages qui expriment par leur juxtaposition l’ampleur des disparités sociales au Brésil.

PISTES A SUIVRE

LES INEGALITES SOCIALES AU BRESIL
[Géographie, 5e : « Le Brésil »]

• Situer les lieux de vie des trois familles à deux échelles : à l’échelle du Brésil, montrer à quel ensemble régional appartiennent chacun de ces trois lieux. Relever l’origine de la famille de Joao pour mettre en évidence les migrations interrégionales (du Nordeste vers le Sudeste). À l’échelle locale, observer que la favela comme le quartier riche sont situés en périphérie de la ville. En opposition, observer la sécurité mise en œuvre dans le quartier riche, totalement isolé des alentours. Noter la présence de gardiens, de véhicules de surveillance, et l’entrée filtrée grâce à des badges qui identifient les habitants du quartier. Relever l’effet sur le prix du terrain, plus élevé au centre du quartier qu’en périphérie (car plus sécurisé).
Schématiser simplement cette organisation spatiale de l’espace urbain brésilien.
• Comparer le mode de vie des trois familles en complétant un tableau à double entrée avec les critères suivants : lieu de vie, caractéristiques de l’habitation, emploi, difficultés quotidiennes et en déduire les contrastes de développement de ces populations.

DEUX FAMILLES, DEUX BRESIL

[Géographie, 2de : « Dynamiques urbaines et environnement urbain : des quartiers spécifiques des métropoles des pays du Sud »]
• Vivre dans une favela du Brésil. À travers l’exemple de la famille de Joao, caractériser le quartier et ses habitants. L’habitation a évolué : d’une simple cabane de bois sans électricité, Joao a construit progressivement sa maison en dur, l’électricité et le goudron sont arrivés. Comme beaucoup d’habitants de ce quartier, Joao est un migrant du Nordeste, il a quitté sa terre dans les années 1970 (période de sécheresse) pour São Paulo. Mais aujourd’hui il est chômeur, sa femme est seule à travailler. Noter qu’il lui faut deux heures de transport pour aller travailler.
• Vivre dans un quartier fermé au Brésil. À travers l’exemple de la famille d’Antonio, caractériser le quartier et ses habitants : situé en périphérie de l’agglomération, maison construite par un architecte, avec jardin et piscine, accès au quartier contrôlé par des vigiles, quartier hautement sécurisé , réservé aux catégories sociales aisées. Gorgonio est juge du travail, ancien député. Il a conscience d’être un privilégié qui a les moyens de fuir la violence et l’insécurité en vivant dans ce quartier.

INEGALITES SPATIALES ET SEGREGATION SOCIALE AU BRESIL

[Géographie, Tles L, ES : « Unité et diversité des Sud »]
• Situer les lieux évoqués dans le documentaire.
• Caractériser la vie des trois familles en relevant les critères qui permettent de mesurer les différences de niveau de développement : revenu, habitat plus ou moins insalubre, accès aux médicaments et à l’enseignement. Montrer qu’elles représentent trois catégories de population bien différentes : des ruraux qui survivent difficilement grâce à la récolte de fruits tropicaux, des migrants du Nordeste installés dans une favela qui ont du mal à trouver un emploi, une famille riche qui vit dans une banlieue aisée de Salvador de Bahia. Décrire les quartiers typiques des banlieues des métropoles brésiliennes : favelas et « quartiers fermés ». Montrer qu’il s’agit d’une ségrégation spatiale poussée et la mettre en relation avec la violence dont il est souvent question dans ce film, ainsi que du sentiment d’insécurité ressentis par tous les urbains, riches ou pauvres.
• S’interroger sur les conséquences de telles inégalités, d’autant plus criantes qu’elles se côtoient spatialement. Noter par exemple l’explication donnée par Edmilson de la cause de la violence ( chômage, manque d’argent dans un pays en plein essor économique où le luxe s’affiche dans les villes) ou celle de Gorgonio ( l’injustice sociale). S’interroger aussi sur la place de plus en plus importante prise par l’Eglise évangéliste.

POUR EN SAVOIR PLUS

« Brésil, pays en devenir », TDC, n°885, décembre 2004.

THÉRY Hervé, « Le Brésil : changement de cap ? », La Documentation photographique, n°8042, La documentation française, 4e trimestre 2004.

« Inégalités sociales au Brésil », Mappemonde, n° 3, 2004. Des cartes de l’IDH à l’échelle municipale avec évolution depuis 1970.
http://mappemonde.mgm.fr/actualites/bresil.html

Anne Philippon, professeur d’histoire et de géographie, Télédoc CNDP