Ce sont les actes de l’Atelier scientifique « Eau et sociétés face au changement climatique dans le bassin de la Casamance » organisé par le Conseil National des Recherches d’Italie en collaboration avec le LMI Patrimoines et territoires de l’eau (PATEO), l’Institut Sénégalais de Recherches Agricoles (ISRA) et l’Université Assane Seck de Ziguinchor. Cet atelier s’est déroulé du 15 au 17 Juin 2015 à Ziguinchor. C’est un état des réflexions sur la question tant de la mesure des changements climatiques que des conséquences et des mesures d’adaptations envisageables.

Cette région du sud du Sénégal est marquée par la riziculture traditionnelle mise à mal par la mondialisation mais c’est aussi un région productrice d’arachide et de fruits. Face aux défis de la mondialisation et des changements climatiques quelles sont les pistes pour le développement régional?

Recherche et développement

Le cas du PAPSEN Programme d’Appui au Programme National d’investissement dans l’Agriculture au Sénégal en Moyenne Casamance illustre la nécessité d’une priorité rizicole dans cette zone enclavée aux techniques traditionnelles. Cette première contribution analyse les points d’appui techniques, sociaux et économiques pour une relance de la riziculture.

La seconde intervention traite de changement climatique, paix et développement: les choix citoyens. Le conflit casamançais à ce sujet voir le livre de [Christiane Roche : La Casamance face à son destin->http://clio-cr.clionautes.org/la-casamance-face-a-son-destin.html] nécessite un état des lieux pour comprendre les oppositions aux projets d’exploitation du zircon, d’infrastructures routières et l’existence de divers trafics (cannabis, bois…).
Les conséquences de la rébellion vont de la déforestation le long de la frontière gambienne à une activité économique en sommeil mais ont aussi des enjeux environnementaux : vulnérabilité au milieu, risque d’une instrumentalisation de la lutte contre le changement climatique ce qui pour l’auteur est avant tout un problème politique.

Les quelques réflexions sur le contexte mondial de transition énergétique concerne le monde plus que le Sénégal.

Cadre hydro-climatique du bassin du fleuve Casamance

Un premier article présente les moyens de connaissance sur le climat et l’évolution de la situation notamment dans le cadre du PAPSEN. On constate la faiblesse des données enregistrées localement jusqu’à aujourd’hui, la nécessité d’avoir recours aux estimations des instances de recherches américaines pour aborder un scénario de changement climatique.

L’élément le plus tangible est la remontée du niveau océanique qui conduit à une érosion côtière atténuée par la mangrove et une salinisation des eaux et des sols dans cette région de très faible altitude jusque loin à l’intérieur des terres. La contribution se termine sur la question des conséquences de l’exploitation à venir des dunes riches en zircon.

Quelques données sur l’évolution des températures et des précipitations à Ziguinchor permettent de comprendre la salinisation et l’acidification des terres conduisant à des recherches sur des systèmes de culture plus économes en eau.

Changements du cycle de l’eau et impacts sur les agrosystèmes

Une première contribution présente le cas du barrage d’Affiniam construit grâce à la coopération chinoise suite aux déficits pluviométriques des années 70-80. Les auteurs analysent ses effets sur la régulation de l’écoulement de l’eau douce sur le marigot de Bignona et les conséquences discutables sur le plan environnemental : remontée de la langue salée vers l’amont et socio-économiques, en l’absence des aménagements secondaires: pas d’augmentation de la production de riz et incompréhension des populations.

Le changement des agrosystèmes en Moyenne Casamance est semble-t-il plus lié aux évolutions démographiques et sociales qu’au changement climatique. On assiste à un repli de la riziculture des zones basses et à un défrichement des plateaux (mil et anacardiers production de noix de cajou) sans que la durabilité de cet agrosystème soit clairement assuré.

Malgré les efforts de modernisation la riziculture dans les bas-fonds demeure vulnérable aux risques climatiques. Une récente activité de recherche, conduite avec la coopération italienne, vise à définir une politique de soutien aux activités agricoles.

Dynamique et gouvernance des écosystèmes marins et littoraux

Un premier article concerne la question des pêcheries de crevettes, terrain de conflits entre pêcheurs, souvent extérieurs à la région et administration des pêches. Cette situation a donné naissance à des aires protégées APAC à l’initiative des villageois pour une meilleure protection de la ressource.

La zone littorale est aussi le lieu d’une activité de reboisement avec des palétuviers. Un rappel des enjeux mondiaux de ce type de milieux introduit une analyse des politiques publiques, des dynamiques locales et de l’action de l’ONG Océanium. Les auteurs tentent un bilan en matière de séquestration carbone, de biodiversité mais aussi de rupture des équilibres socio-économiques.

Stratégies d’adaptation et minimisation des risques

Cette dernière contribution constitue, en quelque sorte, une conclusion de l’atelier. L’auteur analyse les enjeux scientifiques des politiques environnementales de gestion des ressources naturelles, les enjeux de la gouvernance de ces actions mais aussi un rôle de documentation des stratégies adaptatives pour les familles rurales.